Sur l’Internet chinois, un marché noir des enfants à adopter



Les règles chinoises sur l’adoption sont extrêmement strictes, mais elles sont contournées par des groupes sur les réseaux sociaux, où l’on trouve même des bébés mis à prix.

Sur le réseau social chinois Weixin (WeChat), un père de famille cherche à nous vendre sa fille. “Bébé de sexe féminin, 90K”, nous propose l’homme en message privé. Les “90K” correspondent au tarif demandé pour l’enfant, soit 90 000 yuans [11 300 euros]. Quelques instants plus tard, il nous envoie la vidéo d’un bébé gazouillant dans une poussette.

Nous avons pris contact avec cet homme dans le cadre de notre enquête sur les filières d’adoption clandestines en Chine, qui contournent les lois chinoises et garantissent l’obtention d’un enfant en échange d’une somme d’argent.

Ces groupes illégaux sont actifs, quoique discrets, sur les réseaux sociaux chinois depuis des années, et ce malgré les coups de filets réguliers des autorités. Mais ce trafic a éclaté au grand jour en 2019 à la suite d’un scandale impliquant Bao Yuming, ancien membre du conseil d’administration du géant chinois des télécommunications ZTE.

La fille adoptive de Bao – désignée dans les médias sous le pseudonyme de Xingxing – accuse l’homme d’affaires de l’avoir violée à plusieurs reprises depuis son placement sous sa tutelle à l’âge 14 ans. Bao aurait également cherché à recueillir d’autres enfants via la plateforme de messagerie instantanée QQ. Il affirme n’avoir jamais adopté la jeune fille [les charges ont finalement été abandonnées car la jeune fille était en réalité majeure].

Mais le cas de Xingxing a suscité l’indignation en Chine, avec un hashtag vu plus d’un milliard de fois sur Weibo, l’équivalent de Twitter. Ce scandale a révélé le rôle joué par les géants de l’Internet chinois – à leur insu – dans ce trafic d’enfants.

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Des réseaux sévissant ouvertement sur les grandes plateformes

Quand le scandale a éclaté début avril 2019, les médias chinois ont découvert que des réseaux d’adoption clandestins sévissaient ouvertement sur plusieurs grandes plateformes, dont QQ, Baidu Tieba (le site de forums) et Zhihu (des plateformes participatives de questions-réponses). Ces dernières ont ensuite annoncé qu’elles avaient fermé les groupes et interdit les mots-clés associés à cette pratique. Tencent, le propriétaire de QQ et de Weixin, a ajouté qu’il encourageait les utilisateurs de QQ à signaler toute activité illégale.

Mais ces filières contournent les mesures de sécurité avec une relative facilité – et restent actives sur de multiples plateformes.

Si les recherches incluant des mots-clés tels que “adoption” et “placer des enfants” ne donnent plus de résultats sur QQ, Baidu Tieba ou Zhihu, ce n’est pas le cas pour d’autres termes liés à l’adoption clandestine. Si l’on tape “acte de naissance” dans le moteur de recherche de QQ, on obtient une liste de plusieurs intermédiaires proposant d’aider les clients à obtenir les documents nécessaires pour adopter un enfant en toute légalité.

Des clients ravis des faux certificats acquis

Lorsque notre journaliste se présente comme un client potentiel et se met en rapport avec les intermédiaires le 18 avril, on lui propose d’obtenir un certificat de naissance pour un enfant – avec son nom inclus comme s’il était l’un des parents biologiques – pour 50 000 yuans [6 300 euros]. Un autre propose le même service pour la moitié.

“Nos clients sont soit des personnes à la recherche d’une mère porteuse, soit des personnes cherchant à adopter [clandestinement]”, nous explique un intermédiaire, avant d’envoyer une série de captures d’écran montrant des messages de clients précédents ravis des faux certificats acquis.

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Lorsqu’on lui demande s’il y a un risque que les autorités chinoises découvrent la

[…]

Zhang Wanqing

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Le site “Sixième Ton” se propose de donner la parole “aux nouvelles voix de la Chine d’aujourd’hui”. “Il y a cinq tons en mandarin, mais nous pensons que, pour couvrir l’actualité chinoise, nous pouvons aller chercher d’autres voix, qui

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