NetDragon – Le groupe NetDragon nomme une IA à la tête de sa filiale jeu


Pour faire la démonstration de l’efficacité de ses technologies d’intelligence artificielle, le groupe NetDragon a imaginé Mme Tang Yu, un robot virtuel humanoïde géré par une IA, et lui a confié la gestion de sa filiale de développement de jeux.

Il y a une vingtaine d’années, le développeur chinois NetDragon s’est fait connaitre des joueurs occidentaux en signant des MMORPG comme Eudemons Online ou Conquer Online. Le groupe a ensuite progressivement fait évoluer ses activités, pour se consacrer à la gestion de communautés en ligne ou à la conception de technologies d’intelligences artificielles. Et pour faire la démonstration de leur efficacité, NetDragon annonce par voie de communiqué que « Mme Tang Yu, un robot virtuel humanoïde géré par une IA, a été nommée à la direction tournante de sa filiale Fujian NetDragon Websoft ». Bigre !

Une IA pour améliorer la gestion quotidienne de la société

Mme Tang Yu

En d’autres termes, l’IA a vocation à « assurer le management de l’entreprise et à faire progresser l’efficacité opérationnelle [de la société] à un nouveau stade ». Par voie de communiqué, NetDragon précise que la nomination de Tang Yu s’inscrit dans la stratégie « AI + management » de la société et marque une nouvelle étape vers sa transformation en une « organisation de métavers ».
L’IA Tang Yu a ainsi vocation à devenir un « hub collectant des données en temps réel » et un « outil analytique rationnel d’aide à la décision » dans les opérations quotidiennes de la société, tout en « améliorant l’efficacité des systèmes de gestion des risques » et en jouant un rôle critique dans le « développement des talents dans un environnement de travail plus équitable et efficace pour tous les salariés ». Débarrassé de l’affect et des émotions des êtres humains, l’IA devrait donc se montrer plus efficace dans la gestion quotidienne de la filiale.

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D’après Dejian Liu, le président de NetDragon, « l’IA est le futur de la gestion d’entreprise » et la nomination de Mme Tang Yu doit représenter l’investissement de la société « dans l’utilisation des IA pour transformer la façon de mener des affaires et in fine, opérer une croissance stratégique à l’avenir ». L’usage de l’IA doit ainsi permettre de « façonner un management à la fois ouvert, interactif et hautement transparent au fur et à mesure que [NetDragon] se transformera en  une communauté professionnelle basée sur le métavers ».

Quid des enjeux juridiques ?

Evidemment, telle que présentée dans le communiqué de NetDragon, l’annonce vise une forme de buzz. Les IA d’aide à la décision sont loin d’être une nouveauté et sont déjà utilisées dans nombre d’activités (la finance ou la médecine par exemple) – NetDragon se contente ici de lui donner forme humaine (« Mme Tang Yu ») et de lui conférer un titre de direction sans vraiment préciser ses fonctions concrètes.

Pour autant, la mesure est peut-être moins anodine qu’il y parait pour les questions qu’elles soulèvent. Par définition, un dirigeant d’entreprise (en tant que personne physique) engage sa responsabilité juridique au titre de ses actions, tout comme une société (en tant que personne morale) peut aussi être tenue responsable des actes menés en son nom. Mais quid d’une IA ? À ce jour, il n’existe pas (encore) de « responsabilité numérique » qui permettrait de contester les décisions d’une intelligence artificielle devant les tribunaux ou simplement sur un plan moral – quid, si Mme Tang Yu estime que pour l’efficacité de la société il convient d’en licencier tous les salariés ou qu’il serait opportun de concevoir des jeux racistes ou pédophiles pour doper le chiffre d’affaires de l’entreprise ?

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À ce jour, aucun mécanisme juridique n’existe pour remettre en question les décisions d’une IA – si ce n’est débrancher le serveur (avant d’engendrer Skynet). Cette irresponsabilité numérique est peut-être encore pour le mieux (dans la mesure où faute d’engager la responsabilité d’une IA, il conviendrait d’engager la responsabilité des êtres humains qui ont programmé la machine), mais à l’heure où les intelligences artificielles sont de plus en plus présentes (on pense aux véhicules autonomes) et où on leur confie de plus en plus de décisions à prendre (comment réagir pour éviter un accident), poser les bases d’un « droit des intelligences artificielles » pourrait se révéler déterminant dans un avenir proche.

Merci à Zenboy pour nous avoir signalé l’info !



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