Parmi les différentes licences vidéoludiques, Final Fantasy a accompagné l’évolution de l’industrie, marquant plusieurs générations de joueurs et de consoles. L’éditeur Square Soft a même tenté de transposer ce succès au cinéma en 2001, un accident qui ne marque pas les esprits et conduit à la fusion avec son concurrent Enix, pour former le groupe que l’on connait aujourd’hui.
La compilation Final Fantasy Pixel Remaster nous ramène avant ces événements, avant même que la série prenne une nouvelle dimension sur PlayStation et se popularise en Occident. On remonte bien plus loin encore que les déclinaisons en MMORPG, dont le XIVe épisode qui continue d’imposer sa marque sur le genre. Il ne s’agit pas non plus de se perdre dans les multiples déclinaisons, compilations et jeux dérivés de la franchise dont un Chocobo Racing (1999) pour les plus originaux, mais bien de (re)découvrir les origines de la licence avec ses six premiers épisodes, une véritable expérience archéologique.
Final Fantasy I ou les prémisses du RPG
Jouer au premier épisode de Final Fantasy nous transpose en 1987 sur la console NES, une époque où la narration était éventuellement sur la notice et où l’on entrait rapidement dans le vif du sujet. Ainsi, on est amené à choisir et à nommer ses quatre personnages sans aucune explication, formant un groupe en charge de récupérer des cristaux pour sauver le monde, point. À partir de là, on se lance dans une exploration méticuleuse d’un monde en étant interrompu toutes les cinq secondes par un combat. L’horizon s’obscurcit encore quand il s’agit de se frayer un chemin sans indice jusqu’à la suite des événements où trouver la sortie d’un donjon.
L’espoir est toutefois présent, car des options ont été implantées dans ce remake afin de supprimer les combats aléatoires et d’augmenter l’expérience reçue, évitant au joueur d’aujourd’hui d’être trop rapidement désabusé. La Toile — qui n’était pas encore tissée à l’époque — est en parallèle une ressource non négligeable pour trouver son chemin, à moins de vouloir pousser l’expérience archéologique en rejouant dans les conditions de l’époque à quelques détails près.
La subtilité la plus importante est le rendu visuel, retravaillé pour s’afficher aujourd’hui sans cligner des yeux tout en respectant le support originel, une console 8-bit. Ce compromis est d’autant plus intéressant que des graphismes plus poussés auraient été en décalage avec un gameplay aussi rudimentaire. Le rendu est probant, avec une préférence pour la version nomade de la Nintendo Switch, car cela reste particulier de l’afficher sur un (trop) grand écran. De même la bande-son a été retravaillée pour repousser les limites de l’époque, tout en laissant le choix de revenir à celle d’origine.
Puis une évolution jusqu’à Final Fantasy VI
La série Final Fantasy est une suite d’épisodes qui se suivent sans forcément se ressembler. On retrouve toutefois des éléments communs, avec des noms, professions, magies, créatures parmi d’autres éléments qui reviennent au fil des épisodes, tout en constatant une évolution bien réelle. Les trois premiers épisodes de Final Fantasy sur NES permettent de voir comment la narration s’ancre pour faire vivre des moments d’émotion aux joueurs au-delà du fait de compléter le jeu. Le gameplay gagne également en profondeur et en variété à l’image du système de job de Final Fantasy III (1990).
Le point de basculement est Final Fantasy IV (1991), marquant le passage de la série sur la console Super Nes. On monte encore un cran en terme de graphismes, la profondeur des mécaniques du jeu et la qualité d’expérience de jeu, tout en étant plus accessible. Final Fantasy Pixel Remaster joue d’ailleurs sur les sprites pour améliorer encore le rendu à l’écran parmi d’autres changements esthétiques. Le système de combat au tour par tour laisse la place au Active Time Battle, système plus dynamique demandant d’agir avant l’attaque de l’ennemi.
L’aura de Final Fantasy IV tient notamment à sa narration, alors que Final Fantasy V (1992) brille par son système de classes et de compétences, dont les variations sont très nombreuses. Le consensus se trouve d’une certaine manière avec Final Fantasy VI (1994), ultime épisode de cette compilation, qui peut être considéré comme une forme de synthèse de ses prédécesseurs. De plus, des ajouts permettent un gain de temps significatif, dont le combat automatique et des accélérateurs de gain. D’autres propositions comme la police du jeu peuvent être inversées dans les options pour retrouver les pixels d’époque.
Conclusion
Final Fantasy Pixel Remaster est une expérience archéologique vidéo ludique, suffisamment remaniée pour être accessible au joueur moderne sans se renier, plus particulièrement à partir de Final Fantasy IV. Cette compilation s’adresse toutefois aux joueurs curieux et désireux de (re)découvrir les origines du monument que représente Final Fantasy. S’il devait en rester qu’un, mon choix se porterait sur Final Fantasy VI, synthèse et aboutissement de l’ère 2D de la série. Et parce que je ne respecte pas ma propre consigne, j’ajoute Final Fantasy pour le volet archéologique.
Test réalisé par Agahnon sur Nintendo Switch à partir d’une version fournie par l’éditeur.