Face à la Chine, Rodrigo Duterte a été bien naïf



Durant son mandat, le président philippin aura tenté de minimiser les litiges maritimes avec la Chine. Jusqu’à l’impasse. Le recours à l’allié traditionnel américain semble à nouveau inéluctable, souligne ce quotidien de Singapour.

En 2018, au lendemain de l’une de ses nombreuses visites à Pékin, le président philippin, Rodrigo Duterte, avait déclaré que la meilleure façon pour son pays de gérer ses relations avec la Chine était de “rester humble et modeste”, dans l’espoir de s’assurer la “miséricorde” des Chinois.

Il a tenu parole et a, depuis, systématiquement minimisé les litiges maritimes avec Pékin, à qui il a proposé la “copropriété” des précieuses ressources de la mer de Chine du Sud, et a menacé à plusieurs reprises de mettre fin à l’alliance militaire centenaire entre les Philippines et les États-Unis.

Mais au bout de cinq ans passés au pouvoir, le dirigeant philippin a bien du mal à démontrer que son humilité stratégique face à la Chine a donné des résultats. Pis encore, le face-à-face qui dure depuis plus d’un mois au sujet du récif Whitsun, qui a vu des centaines de bateaux de la milice chinoise encercler des terres revendiquées par Manille, montre que Pékin exploite sans scrupule la déférence de Duterte.

Washington, un allié peu fiable

Mais les derniers agissements de la Chine en mer de Chine du Sud auront de graves conséquences stratégiques. Non seulement cela conforte l’armée philippine dans ses efforts pour renforcer ses liens avec Washington, mais cela limitera en outre la capacité du successeur du président Duterte à satisfaire, comme lui, les intérêts de Pékin.

Durant les premières années de son mandat, Duterte a bénéficié d’un net soutien de l’opinion publique, non seulement pour mener sa controversée “guerre contre la drogue”, mais aussi pour le pragmatisme de sa politique vis-à-vis de la Chine. Si les États-Unis arrivent toujours en tête du classement des puissances étrangères dans le cœur des Philippins, il a su habilement jouer sur les inquiétudes récurrentes dans l’opinion quant à la fiabilité de Washington en tant qu’allié.

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Auteur

Richard Javad Heydarian

Professeur de sciences politiques à l’université De La Salle à Manille, aux Philippines. Auteur du livreAsia’s new battlefield: US, China and the struggle for the western Pacific” (Zed Books, Londres, 2015; non traduit en français)

Source

Fondé en 1845, le Straits Times est le quotidien le plus lu de la cité-Etat. Journal anglophone de référence en Asie du Sud-Est, il adopte des positions proches du gouvernement singapourien mais offre de bonnes analyses sur tous les pays 

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