L’Assemblée générale de l’ONU condamne la junte au pouvoir en Birmanie



Près de cinq mois après le coup d’État qui a mis fin au pouvoir civil en Birmanie, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté vendredi 18 juin une résolution condamnant la junte et exhortant la communauté internationale à “empêcher l’afflux d’armes” vers le pays.

“Nous ne pouvons pas vivre dans un monde où les coups d’État deviennent la norme”, avait averti le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, juste avant le vote de l’Assemblée générale, rapporte Nikkei Asia. La majorité des États membres semblent avoir partagé cette idée.

La résolution, proposée par le Liechtenstein et fruit de longues négociations, condamne pour la première fois explicitement le coup d’État militaire du 1er février dernier, et réclame le retour de la démocratie, la libération des dirigeants civils – au premier rang desquels Aung San Suu Kyi – et l’ouverture du pays à l’aide humanitaire.

Selon l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), au moins 865 personnes ont été tuées, et 6 000 arrêtées, depuis le coup d’État.

Si les promoteurs du texte rêvaient d’un vote à l’unanimité, ils ont dû se contenter d’une simple majorité : 119 pays ont voté pour, un pays – la Biélorussie – a voté contre, et 34 se sont abstenus, parmi lesquels la Chine et la Russie.

“Les résolutions de l’Assemblée générale ont beau être non contraignantes, la résolution sur la Birmanie n’en reste pas moins une énorme gifle diplomatique pour les généraux, qui ont agi en toute impunité”, analyse le New York Times. “Une condamnation mondiale de cette ampleur contredit les affirmations de la junte selon lesquelles elle n’est pas isolée et continue à avoir des échanges avec le monde extérieur”, poursuit le quotidien new-yorkais.

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Le vote était réclamé de longue date par l’ambassadeur de Birmanie à l’ONU, Kyaw Moe Tun – poursuivi pour trahison par la junte, mais qui représente toujours l’ancien pouvoir civil au Nations unies. “L’ambassadeur a exprimé sa gratitude pour le vote, mais aussi déploré qu’il ait fallu ‘presque trois mois pour adopter cette résolution édulcorée’, rapporte le Washington Post.

Parias

De fait, le terme “embargo” n’est pas utilisé dans le texte, qui se contente d’exhorter les États membres de l’Assemblée générale à “empêcher l’afflux d’armes” vers la Birmanie. Mais le New York Times souligne qu’il est déjà très rare que l’Assemblée générale adopte une résolution condamnant un coup d’État – ce n’était arrivé que trois fois depuis la fin de la Guerre froide.

Le vote intervient “alors que certains voisins de la Birmanie commençaient à établir des contacts avec les généraux, provoquant la colère des militants qui souhaitent que la communauté internationale isole la junte et la prive de ses revenus”, observe le Financial Times.

Une condamnation du Conseil de sécurité, dont les résolutions sont contraignantes, aurait davantage de poids pour isoler la junte. Mais les diplomates ne se font guère d’illusions car “la Russie et la Chine, membres permanents du Conseil, sont les deux plus gros fournisseurs d’armes des militaires birmans, et ont un droit de veto”, précise le quotidien économique.

Dans un entretien à l’agence AP, Richard Gowan, responsable de l’ONU au sein de l’ONG International Crisis Group, estime cependant que la résolution de l’Assemblée générale n’est pas juste symbolique.

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“La junte ignorera cette résolution, mais il lui sera plus difficile d’essayer de normaliser ses relations avec le reste du monde et de présenter le coup d’État comme un fait accompli”, explique M. Gowan. “S’ils conservent le pouvoir, ils doivent se résoudre à avoir indéfiniment le statut de parias”.





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