les talibans étendent leur emprise sur les villes du Nord



Il n’a fallu qu’une journée aux talibans pour s’emparer, dimanche 8 août, de trois capitales provinciales dans le nord de l’Afghanistan. Les forces afghanes, épuisées et désormais privées de l’aide américaine, semblent impuissantes face à la progression des insurgés.

Les talibans “se sont emparés de cinq capitales provinciales depuis vendredi, dans une offensive éclair qui semble avoir débordé les forces gouvernementales”, écrit Al-Jazeera. Pour la seule journée de dimanche, les insurgés ont conquis Sar-e-Pul, Taloqan et surtout la grande ville de Kunduz, où les talibans contrôlent désormais “le quartier général de la police, la résidence du gouverneur et la prison”.

“Avec une population de 375 000 habitants, Kunduz est considérée comme un centre économique et culturel majeur”, observe NPR. “Et son emplacement, à environ 320 kilomètres de Kaboul, en fait aussi un trophée militaire de choix.”

La ville est tombée après deux jours d’intenses combats. Le Wall Street Journal a parlé à Abdul Wahid, un commerçant de la ville, qui sortait pour la prière matinale quand il a vu les talibans, désormais aux commandes, “détendus et joyeux, commencer à prendre des selfies sur la place principale de la ville, Sar-e-Chowk”.

Mais les civils restent cloîtrés chez eux, raconte le commerçant. “La ville était bouclée, mais les talibans ont hissé leurs drapeaux blancs partout”, dit-il.

Kunduz apportait aussi “une importante contribution militaire et politique” au gouvernement central afghan, pour qui les développements de dimanche sont un revers particulièrement cuisant, précise Fox News.

Silence américain

L’avancée spectaculaire des talibans, depuis le début de leur offensive en mai, est directement liée au retrait des forces américaines et de l’Otan, selon de nombreux observateurs. Après vingt ans de guerre en Afghanistan, le président américain Donald Trump avait décidé, en 2020, d’en finir et de rapatrier ses soldats.

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Le retrait était conditionné à la fin des violences et à des négociations de paix entre les talibans et le gouvernement afghan. Mais les violences n’ont jamais vraiment cessé et les pourparlers sont au point mort. Cela n’a pas empêché Joe Biden de confirmer le retrait des troupes, qui auront définitivement quitté le pays le 31 août. L’offensive des talibans ne semble pas devoir changer la donne.

“Si les talibans s’étaient emparés de trois capitales provinciales dans le nord de l’Afghanistan il y a un an, comme ils l’ont fait dimanche, la riposte américaine aurait sans aucun doute été féroce”, commente le New York Times.

Mais “le silence des autorités américaines, dimanche, montre de façon très claire que la guerre de vingt ans des États-Unis en Afghanistan est terminée”, ajoute le quotidien américain. “Les forces afghanes, désorganisées et épuisées, devront reconquérir leurs villes toutes seules, ou les abandonner définitivement aux talibans.”

“Terrible tragédie”

Une situation qui fait grincer bien des dents. Rory Stewart, ancien ministre du Développement international britannique, qui a passé plusieurs années en Afghanistan, fait partie de ceux qui attribuent la résurgence des talibans à la “décision inconsciente” de M. Biden de retirer ses troupes aussi rapidement.

Cité par le Financial Times, il estime qu’au cours des deux derniers mois, l’Occident “a coupé l’herbe sous le pied du peuple afghan. C’est une honte et une terrible tragédie.”

Pour Adam Weinstein, chercheur à l’Institut Quincy pour une gouvernance responsable, “il est possible que les talibans prennent le contrôle de tout le pays, mais le gouvernement afghan doit changer de stratégie”.

Dans un entretien à la Deutsche Welle, il affirme ne pas s’attendre à un revirement de la position de Joe Biden, qui n’est pas prêt “à accepter les risques associés à un soutien pérenne au gouvernement afghan”. Mais il pense qu’une “meilleure résistance de l’armée afghane”, et plus encore “la pression d’acteurs régionaux, pourrait forcer les talibans à s’asseoir à la table des négociations”.

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