Jeux Olympiques de Tokyo 2020 – Test de Jeux Olympiques de Tokyo 2020 – Antique malgré lui


Pendant que le gouvernement japonais s’écharpe avec ses citoyens en annonçant une très commode absence de spectateurs lors des Jeux Olympiques qui débutent dans quelques jours, entre conditions sanitaires et volonté probable d’éviter des débordements face à la gronde anti-JO parmi la population tokyoïte, SEGA nous amène enfin le jeu officiel. Sorti à l’été 2019 au Japon, le jeu débarque enfin dans nos contrées et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il s’agit d’une sacré aventure.

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Compétition éphémère

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S’il y a bien une tradition dans les jeux tirés des Olympiades que ce nouveau titre tente de respecter, c’est la diversité de contenu. Nombreuses sont les épreuves à pouvoir être parcourues, en sport individuel ou collectif, de l’athlétisme au basketball en passant par le BMX. Le premier contact n’est toutefois que d’une éphémère réjouissance, car malgré l’apparente générosité et diversité des épreuves se cache un survol finalement assez léger de ce que les JO ont à offrir. L’athlétisme et la natation ne se limitent qu’à une poignée d’épreuves, beaucoup sont carrément absentes et les sports collectifs ne permettent même pas de jouer l’ensemble d’un tournoi. Il y a un côté très “fast food” à l’orientation du titre, qui veut pousser à se jeter d’une épreuve à l’autre et à les enchaîner à la manière d’un party game, mais ce choix semble plutôt subi par un jeu qui n’a pas beaucoup à proposer en dehors de cela. La faute à une partie ultra classique, héritée de l’époque de Track and field sur l’athlétisme avec des boutons à bourriner pour aller plus vite, au risque de finir avec une tendinite. Mais surtout une médiocrité absolue sur les sports collectifs dont le gameplay ne semble pas fini : très lourd, peu maniable, ni accessible, ni technique. On pense par exemple au football et au basket où il est bien difficile d’orienter des passes là où on le souhaite réellement, pas plus qu’il n’est évident de varier le jeu, les parties ne ressemblant qu’à un enchaînement de buts et de paniers où personne ne sait trop quoi faire pour défendre ou attaquer correctement. Quant à l’athlétisme et la natation, ces épreuves souffrent d’un fort déséquilibre à cause d’un gameplay qui veut privilégier une sorte de “boost” activable au moment opportun pour obtenir un (irréaliste) gain de vitesse, avec cette volonté de proposer un jeu à l’aspect fun et enfantin sans qu’il ne le soit réellement.

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Certes, le titre est dans l’ensemble simple d’accès et facile à comprendre pour servir de base à un party game, d’autant plus que son côté fantaisiste avec les boost et coups spéciaux (dans les sports collectifs et le judo notamment) évite de tomber dans une simulation qui aurait laissé de côté les personnes peu réceptives au genre. Néanmoins, il est dommage de vouloir à ce point coller à ce que Nintendo fait de son côté, déjà en collaboration avec Sega, sur les Mario & Sonic aux JO, tant il y avait quelque chose à jouer en allant du côté de la simulation (ou du moins d’un titre plus sérieux) pour proposer une expérience différente. Car en l’état, JO Tokyo 2020 propose une expérience similaire à Mario & Sonic en moins bon, en moins fun, en moins exigeant sur les détails qui font passer une épreuve médiocre à une expérience rigolote en multijoueur. Le jeu solo n’étant lui que très dispensable, puisque le titre ne propose même pas une simili-carrière ou la possibilité de représenter un pays sur l’ensemble des JO. Il faut se contenter de sortes de playlists à concocter soi-même, où l’on emmène un avatar créé de toute pièce grâce à un éditeur de personnage aussi consternant que le reste du jeu. Tout cela manque clairement d’enjeux, de motivation à avancer si ce n’est d’obtenir la médaille d’or dans chaque discipline, quitte à tenter de battre une IA déséquilibré qui se fait parfois rouler dessus, parfois est imbattable. Les records tombent à la pelle pour donner le sentiment de progresser, mais il y a dans l’ensemble un tel manque de maîtrise des différents gameplays qu’on a bien du mal à nous investir pour nous dépasser. Comme si ces JO n’étaient plus une histoire de dépassement de soi, mais juste de spectacle un peu mal foutu.

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Il ne faut pas non plus compter sur l’ambiance du titre et son aspect visuel pour sauver les meubles. Doté d’une direction artistique d’une laideur rarement atteinte sur un jeu de sport, les personnages sont représentés avec des grosses têtes et des corps difformes assez peu flatteurs à l’œil. À tel point qu’il est impossible de créer un personnage correct dans l’éditeur, où il y a au moins une constante : peu importe le personnage créé, il est systématiquement moche. Et l’ambiance sonore n’arrange rien aux épreuves sans grands enjeux, puisque le public est terriblement absent, à tel point que l’on pourrait croire que les développeurs ont anticipé l’absence de public décidé par le gouvernement japonais tout récemment pour les JO cet été. Il y a bien moyen de faire illusion, sur le saut en longueur notamment où l’on peut taper dans les mains pour demander le soutien du public, mais le titre brille par une austérité sonore qui tranche avec un aspect visuel ultra-coloré qui tente péniblement de donner un côté joyeux à l’évènement.

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Au-delà de sa direction artistique, le jeu souffre d’un aliasing ultra-présent qui alourdit un aspect visuel peu ragoûtant. Le reste de la technique est heureusement plutôt solide, ce qui permet, à défaut de s’amuser, de pouvoir enchaîner les épreuves sans grand problème. Et c’est d’autant plus dommage que l’on sent qu’il y avait une base pour offrir un jeu à la hauteur de l’événement, mais JO Tokyo 2020 reste sur une (malheureuse) tradition de jeux officiels des JO développés à la va-vite, sans grande ambition, si ce n’est celle de proposer un produit sous licence parce qu’un contrat paumé quelque part doit l’exiger. Un peu comme si la compétition ne pouvait pas mériter un titre plus intéressant, capable d’offrir une expérience agréable autour d’une Olympiade qui, normalement, est censée fédérer énormément de personnes partout dans le monde. On peut lui reconnaître une volonté de varier les approches, comme la natation qui se transforme en simili-jeu de rythme, le tennis de table qui fait la part belle aux réflexes ou le rugby qui brille par son chaos, mais tout cela ne pèse pas bien lourd dans un jeu qui tape toujours à côté.

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Conclusion

Un peu à l’image du climat actuel autour des JO, le jeu officiel de la compétition n’est pas loin du désastre. Tout au plus sympathique dans les rares épreuves que le titre maîtrise, médiocre sur tout le reste, il est aussi vilain que hasardeux sur tout ce qu’il tente. Les sports collectifs sont de véritables purges tandis que les classiques athlétisme et natation souffrent d’un équilibrage qui les rendent frustrants en solo et se révèlent vaguement divertissants en multijoueur avant de réaliser qu’il est facile d’abuser du système. Cela rend la compétition bien peu passionnante et c’est sacrément dommage pour un titre qui adapte, littéralement, la compétition sportive dans son concept le plus pur. On aurait pu lui pardonner sa direction artistique des enfers avec un système de jeu plus réussi, mais c’est un tel naufrage qu’on a plutôt tendance à le recommander pour ce qu’il est vraiment : une bonne blague l’espace d’une soirée entre amis. 

Test réalisé par Hachim0n sur Xbox Series X (en rétro-compatibilité Xbox One) à partir d’une version fournie par l’éditeur.



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