Dans la jungle marécageuse de l’État indien du Meghalaya, les Khasis utilisent depuis des siècles les racines des arbres à caoutchouc pour construire des “ponts vivants”. Pendant la mousson, le Meghalaya est régulièrement touché par des inondations ; ses habitants ont recours à une forme d’ingénierie naturelle pour traverser les bourbiers qui se créent. Depuis des siècles, ils guident les racines de ces arbres et les tressent avec des tiges de palmier à bétel pour que la génération suivante ait accès à un pont un peu plus long. Certaines de ces passerelles ont plus de 500 ans, mesurent jusqu’à 30 mètres de large et peuvent supporter le poids de plus de 15 personnes.
Ces chiffres donnent un aperçu de la réflexion à long terme sur laquelle s’appuient, paradoxalement, les projets réalisés par des tribus nomades. En bâtissant sans recourir aux technologies et en dialoguant avec la nature pour en comprendre les règles, ces peuples assurent l’avenir de leurs petits-enfants et font du maintien de leur écosystème un rituel et une culture.
Une autre idée du progrès
Cet article vise à remettre en cause ce que l’on entend par “progrès”. Il s’appuie sur quelques-uns des exemples présentés par la militante et spécialiste de l’innovation autochtone Julia Watson dans son ouvrage Lo-TEK. Design by Radical Indigenism [“Lo-TEK : l’indigénisme radical au service du design”, éd. Taschen, an anglais uniquement]. Professeure à la Harvard’s Graduate School of Design et à l’université Columbia, Watson nous emmène sur une autre planète, dans un monde en voie de disparition qui, pendant les Lumières, a été qualifié de “primitif”, par opposition à l’industrie naissante qui s’apprêtait à transformer nos vies.
Le subak est le système
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Anatxu Zabalbeascoa