En choisissant la continuité, le nouveau gouvernement Lecornu “s’expose à la censure”



C’est un nouveau “gouvernement qui s’apparente à une provocation”, titre la Süddeutsche Zeitung. Alors que “Sébastien Lecornu annonçait la rupture”, “la longue liste des ministres reconduits dans le camp présidentiel témoigne plutôt d’une stagnation”, résume Le Soir qui estime que le patron de Matignon “s’expose” ainsi “à la censure”.

Depuis l’Élysée, le secrétaire général de la présidence Emmanuel Moulin a dévoilé dimanche soir 5 octobre 18 noms, la plupart connus, avec le retour au gouvernement de 12 ministres de la précédente équipe de François Bayrou, pourtant renversée il y a moins d’un mois par l’Assemblée nationale. Parmi eux : Bruno Retailleau à l’Intérieur, Gérald Darmanin à la Justice, Elisabeth Borne à l’Éducation nationale, Manuel Valls aux Outre-mer, Catherine Vautrin au Travail et à la Santé, Annie Genevard à l’Agriculture, Jean-Noël Barrot aux Affaires étrangères, Rachida Dati à la Culture ou encore Agnès Pannier-Runacher à la Transition écologique…

“Le résultat en termes de personnalités ne laisse donc pas entrevoir de grand virage sur le fond”, observe Le Temps. L’équipe est à l’image du bloc central qui gouverne difficilement la France depuis plusieurs mois. On prend à peu près les mêmes et on recommence avec une stabilité rare s’agissant de remaniement ministériel”. Le quotidien helvète pointe toutefois deux “vraies nouveautés ou surprises dans les noms annoncés ce dimanche soir (davantage sur la forme que sur le fond) ” : l’arrivée au Ministère de l’Économie du macroniste de centre gauche Roland Lescure, “pour essayer de convaincre les socialistes” et le retour de l’ancien ministre de l’Économie Bruno Le Maire, qui obtient le portefeuille des armées.

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Soit “deux ministères ultrasensibles en ces temps de crise budgétaire et de tension avec la Russie”, remarque Le Temps. “La tête du pouvoir français aura voulu y placer des hommes de confiance” mais “ces nouveaux venus sont tout de même des membres bien connus d’anciens gouvernements d’Emmanuel Macron”, observe le journal helvète.

“Apparemment, Lecornu et Macron avaient tenté de recruter d’autres personnalités pour rejoindre le gouvernement minoritaire. Mais au moins deux d’entre eux ont particulièrement rejeté l’offre : les anciens Premiers ministres Gabriel Attal et Édouard Philippe, tous deux susceptibles de succéder à Macron, ne souhaitent pas être associés à la politique intérieure de plus en plus décadente du président”, tacle la Süddeutsche Zeitung. D’autant plus que la durée du mandat de Lecornu […] reste un mystère.”

La gauche comme la droite mécontentes

L’impression de “déjà-vu” que renvoie le nouveau gouvernement Lecornu ne laisse en tout cas “aucune place aux représentants des partis de gauche”, remarque El País. “À quoi jouent les macronistes ? Leur obstination plonge chaque jour un peu plus le pays dans le chaos”, a notamment réagi le chef des députés PS Boris Vallaud dimanche, après l’annonce du nouveau gouvernement.

Ce dernier ne convainc d’ailleurs pas davantage la droite malgré le fait que, comme le note Le Soir, “les Républicains sortent renforcés de ce remaniement forcé, consolidés” notamment par “l’arrivée au gouvernement d’Eric Woerth, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, qui prend la tête du ministère de la Cohésion des territoires”.

S’il a obtenu dimanche le feu vert des parlementaires LR pour une participation au gouvernement, Bruno Retailleau fait face à des réticences en interne. Selon plusieurs sources, certains membres du parti n’apprécient pas du tout le retour surprise de Bruno Le Maire – symbole pour la droite du dérapage budgétaire des dernières années de gouvernements macronistes – ou encore la large part réservée à Renaissance dans la répartition du gouvernement. Les centristes obtiennent 10 portefeuilles, tandis que LR en compte 4.

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“Combien de temps ce nouveau gouvernement tiendra-t-il ? ”

Le premier conseil des ministres avec le président Emmanuel Macron aura lieu lundi à 16 heures, suivi mardi du discours de politique générale de Lecornu à l’Assemblée nationale. “Mais combien de temps ce nouveau gouvernement tiendra-t-il ? ”, s’interroge le Corriere della Sera. “Peut-être très peu, car la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon avait déjà annoncé il y a quelques semaines qu’elle déposerait une motion de censure pour renverser tout gouvernement dirigé par Lecornu”, rappelle le quotidien italien.

Le président du Rassemblement national Jordan Bardella a, lui, réitéré ses menaces de censure dès dimanche soir, raillant un gouvernement “composé des derniers macronistes agrippés au radeau de la Méduse”. “Nous l’avions dit clairement au Premier ministre : c’est la rupture, ou la censure”, a-t-il prévenu sur le réseau X.

Sur la question cruciale du budget, dont Lecornu doit présenter les grandes lignes lors de sa déclaration à l’Assemblée mardi, “ni la gauche ni l’extrême droite n’ont eu l’impression, lors de leurs discussions avec le Premier ministre, qu’il soit prêt à faire des compromis significatifs pour gagner leurs faveurs”, rappelle la Süddeutsche Zeitung. “Et surtout pas la gauche qui avait plaidé pour une taxe sur les ’super-riches’ et un gel de la réforme des retraites”, deux propositions rejetées par Lecornu à la demande d’Emmanuel Macron.

Le président français “ne veut voir aucun pilier de son bilan politique remis en cause. La seule question est de savoir s’il peut encore se le permettre”, observe le quotidien bavarois. Si Lecornu, son cinquième Premier ministre en deux ans, chute, toute l’attention sera braquée sur lui. Et peut-être ne pourra-t-il sortir de l’impasse qu’en démissionnant.”



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