En Chine, le civisme et l’amertume d’un “nouvel an sur place”



C’est un réveillon du nouvel an très spécial que la Chine s’apprête à passer, ce 11 février au soir. Les restrictions de voyage pour raisons sanitaires chamboulent l’événement familial annuel par excellence.

La recrudescence récente de quelques foyers épidémiques de Covid-19 dans le nord du pays a conduit les autorités chinoises à édicter des conditions sanitaires très strictes pour voyager. Il est préconisé de “passer le nouvel an sur place”, de ne voyager qu’en possession d’un test négatif récent, et d’en réaliser un autre dans les sept jours suivant l’arrivée à destination, le tout assorti d’une quatorzaine.

Du coup, beaucoup doivent renoncer à rentrer à la maison. Paysans migrants travaillant en ville, étudiants, employés, ils seront absents cette année au réveillon qui réunit traditionnellement toute la famille une fois par an. Il s’agit d’un gros sacrifice, que les médias chinois s’efforcent d’illustrer avec compassion et retenue, montrant des Chinois faisant bonne figure.

Une tristesse délicatement illustrée

Le site Caixin Wang diffuse une vidéo illustrant ce “nouvel an pas comme les autres”. À la gare de Pékin, les salles d’attente sont désertées. Un vendeur de rue de pommes d’amour, un garde de sécurité, une nettoyeuse des rues, un colleur d’affiches, un étudiant, un ingénieur, un livreur – ils avaient l’intention de rentrer mais n’ont plus le temps de se faire tester, évoquent les longues périodes d’isolement requises à l’arrivée, les routes coupées autour des villages…, autant d’obstacles mis sur leur route. Et puis, est-il sûr de voyager ? “Au village, en apercevant quelqu’un qui vient de loin, si les gens se sauvent…” Alors, après un an de solitude et de sentiment d’insécurité en cette période d’épidémie, parfois marquée par des morts, la plupart d’entre eux ne verront pas leurs époux, leurs enfants, leurs parents, et continueront à travailler.

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Agnès Gaudu





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