Suikoden I&II HD Remaster Gate Rune and Dunan Unification Wars – Test de Suikoden I & II HD Remastered Gate Rune and Duncan Unification Wars : Prologus Plus Ultra
Il était une fois Suikoden
Retour dans les années 90, la Super Nintendo est encore la reine des consoles, mais une nouvelle venue vient perturber le duel fratricide, qui opposait jusque-là Nintendo et Sega : la PlayStation. Grâce à son support CD, moins coûteux et capable de diffuser de la vidéo ainsi que de l’audio en haute qualité, la console de Sony intéressait de plus en plus d’éditeurs, d’autant plus qu’il n’y avait pas le petit extra à payer pour obtenir le fameux Seal of Quality de Nintendo. Parmi eux, un géant à qui l’on doit certaines des plus grandes légendes du jeu vidéo : Konami. Ayant donné naissance à des licences comme Castlevania, Contra, Gradius, Metal Gear ou encore Parodius, l’éditeur originaire d’Osaka avait le respect quasi inconditionnel des joueurs et toute nouvelle licence issue de ses studios suscitait l’impatience.
Toutefois, Konami était surtout connu pour ses jeux typés arcade, ce dernier étant un des pionniers du secteur au Japon, et ce n’est qu’avec l’arrivée de la PlayStation que les choses ont commencé à changer. Ayant pris beaucoup d’ampleur, Konami peut se permettre, en plus de l’arcade, de proposer des jeux plus ambitieux et qualitatifs. Pour y parvenir, de nouveaux studios sont créés et le siège social est déplacé à Tokyo pour être au cœur du pays et attirer davantage de nouveaux talents. Parmi eux, deux jeunes tout juste sortis de l’université : le programmeur Yoshitaka Murayama, qui rejoint Konami en 1992, et l’artiste Junko Kawano, qui elle rejoint le groupe en 1993. Malgré leurs jeunes âges et leur manque d’expérience dans le jeu vidéo, Konami croit en eux et les choisit pour créer une toute nouvelle licence. Leur sont alors proposés trois genres : baseball, course ou RPG. Malgré les réticences de Murayama, qui aurait préféré développer un shoot’em up, leur choix se porte sur la conception d’un RPG.
Se basant sur la nouvelle chinoise Shui Hu Zhuan, contant les aventures de 108 hors la loi se révoltant contre le gouvernement, Suikoden est donc un J-RPG assez classique reprenant les codes de l’époque. Il possède toutefois quelques originalités : son système de combat au tour par tour avec six personnages répartis sur deux rangées, la possibilité de recruter 108 personnages différents, la gestion d’un fort évoluant au fil du temps et les grandes batailles entre l’armée du protagoniste et celle de l’Empire. C’est avec ces arguments que Suikoden doit convaincre le public, jusque-là nourri de Dragon Quest, Final Fantasy, et autres Tales of.
Ainsi naquit la légende Suikoden, qui est sorti en décembre 1995 au Japon et en avril 1997 en France.
Malgré des ventes mitigées à son lancement, les retours positifs et le bouche à oreille permettent au jeu de rencontrer un certain succès sur le long terme, au point que Konami lance la production d’un second jeu, toujours dirigé par le duo Murayama et Kawano. Tout en reprenant les bases du premier opus, affublées de quelques améliorations, le duo souhaite aller plus loin dans la conception de l’univers et surtout l’écriture des personnages, qui pouvaient parfois manquer de profondeur. Que ce soit grâce à l’écriture de Murayama, aux illustrations de Kawano ou encore aux musiques de la compositrice Miki Higashino, Suikoden II marque les esprits et si, tout comme son prédécesseur, ses ventes ont du mal à démarrer lors de sa sortie en décembre 1998, le bouche à oreille a une nouvelle fois porté ses fruits et fait de ce jeu l’une des plus grandes légendes de l’histoire du J-RPG.
Les suites ne rencontrent malheureusement pas le même destin. Si Suikoden III a bien profité de la popularité de son illustre grand frère, les deux autres n’ont pas cette chance, tout comme les épisodes Tactics et Tierkreis, malgré leurs qualités. Mais voilà, après des années de disettes, Konami s’est dit qu’il était peut-être temps de profiter de la mode du remaster / remake pour sortir les siens et parmi eux, le légendaire duo Suikoden I et II.
Suikoden I
L’histoire débute dans l’Empire de la Lune Écarlate où notre jeune héros, fils du général Théo McDohl, doit jurer loyauté à l’Empereur Barbarossa afin d’entrer au service de l’armée et d’ainsi suivre les traces de son père. Mais alors qu’il doit être envoyé accomplir sa première mission, son père est rappelé au nord afin de mettre hors d’état de nuire la rébellion. C’est donc avec ses compagnons Gremio, Pahn et Cléo que le jeune soldat doit prouver sa valeur. Toutefois, tout ne se passe pas comme prévu et ,de fil en aiguille, il se retrouve au centre d’une conspiration autour de runes magiques, qui entrainer son exil et son entrée dans la résistance dirigée par la célèbre Odessa Silverberg.
Suikoden II
Trois ans après les événements du premier Suikoden, un groupe de jeunes recrues de l’armée de Highland, au nord de l’Empire, se repose dans un camp. Parmi eux, notre protagoniste et son meilleur ami Jowy. Alors que les discussions laissent penser que la paix a enfin été signée avec la cité-État de Jowston, mettant ainsi fin à la guerre, le Prince Lucas trahit les siens et fait exterminer le camp afin de mettre la responsabilité de ce massacre sur le dos de Jowston et ainsi relancer les hostilités. Échappant de peu à la mort, les deux compagnons vont à leur tour se retrouver au centre d’une guerre entre la rébellion et un royaume corrompu.
Un remaster respectueux de ses origines
Respectivement trente et vingt-sept ans après leurs sorties au Japon, Suikoden I et II sont enfin de retour en haute définition et on peut dire que Konami a su éviter de trop en faire. Si les jeux passent bien au format 16:9, les artistes ont su préserver l’esprit des jeux originaux alors qu’ils ont refait tous les décors, personnages, portraits, cinématiques et même certaines animations de combat pour un résultat impressionnant de fidélité tout en y apportant une touche de modernité. La mappemonde est très jolie, dans une 3D sobrement détaillée sans aller dans l’excès, tout comme les villes et donjons. De plus, alors que d’autres jeux souffrent d’un lissage extrême des textures et autres sprites en 2D, même des menus, ici tout a été fait avec goût et subtilité. Ce remaster est tellement réussi visuellement que l’on a cette mélancolique impression que ces jeux ressemblaient vraiment à ça lorsqu’ils sont sortis.
Si on doit noter un défaut visuel, on regrette juste certaines modifications des portraits, surtout dans Suikoden II, et le fait que les sprites 2D ne rendent pas très bien sur les écrans et TV actuels. Pour les plus nostalgiques, et si vous avez la version PC, vous pouvez toujours passer par Reshade pour ajouter un filtre CRT, dont certains sont vraiment très convaincants, et ainsi retrouver cette sensation de jouer sur les bonnes vieilles TV cathodiques.
Quant aux musiques, que l’on doit à Miki Higashino, elles n’ont pas changé et sont toujours aussi superbes, même si celles de Suikoden II sortent vraiment du lot et représentent probablement la Vénus de Milo de la compositrice japonaise. Un vrai travail d’orfèvre, qui n’a pas nécessité une réorchestration ou autre modification majeure pour rester pertinent en 2025. Chapeau bas. On constate toutefois une amélioration des sons d’ambiances, ce qui est toujours appréciable.
Si on veut trouver des changements dans ce remaster, au-delà de l’aspect visuel, c’est du côté du confort de jeu qu’il faut les chercher. Des modifications discrètes, mais tellement bienvenues. Tout d’abord, Sukoden I bénéficie pour la première fois d’une traduction française, enfin ! Ensuite, il est possible d’accélérer le déroulement des combats et si cela peut sembler gadget, celles et ceux qui connaissent les jeux originaux ont sûrement eu la larme à l’œil en découvrant cette possibilité. De base, les combats sont tellement lents que ça les rend indigestes, mais grâce à cette simple option, le monde s’illumine et tout devient plus agréable. Et jetons des fleurs quand c’est mérité, les développeurs ont corrigé la vitesse de la musique qui accélérait en même temps que les combats, ce qui devenait vite infernal. Faute corrigée, faute pardonnée. Et ce ne sont pas les seules modifications qui changent la vie.
Dans Suikoden I, il n’était pas possible de courir sans l’utilisation d’une rune spécifique, et seulement dans les villes et donjons. Pour la mappemonde, ça passait forcément par un personnage possédant une rune unique. Dans le remaster, plus besoin de rune pour courir en ville et dans les donjons, la course est directement disponible et ça aussi c’est un soulagement. Bon, il faut toujours le personnage possédant sa rune unique pour se déplacer deux fois plus vite sur la mappemonde, mais c’est déjà ça de pris.
On continue la liste avec des changements plus modestes, mais tout aussi sympathiques. Tout d’abord, les menus, qui ont été modernisés pour l’occasion. Rien d’extravagant, ils gardent l’esprit des jeux originaux, mais ils sont plus lisibles et profitent du format plus grand de l’image. Ajoutons les sauvegardes automatiques, qui n’existaient pas à l’époque. Avec des points de sauvegarde assez éloignés les uns des autres, ces sauvegardes automatiques peuvent sauver la mise. Les jeux se voient aussi affublés de trois niveaux de difficulté, de temps de chargement plus courts ainsi que de la possibilité de stopper le compteur de temps pour Suikoden II (les fans sauront pourquoi c’est fantastique). D’autres ajouts et modifications font leur apparition sur ce remaster, comme la possibilité de relire les dialogues ou encore quelques modifications dans les traductions, un léger rééquilibrage de certains ennemis, etc. Encore une fois, rien d’extravagant, rien qui ne puisse nuire au plaisir de retrouver ces légendes du J-RPG et que du positif.
Conclusion
Après autant d’années, il est appréciable de voir Konami enfin traiter une de ses anciennes licences avec le respect qu’elle mérite. Deux légendes du J-RPG enfin de retour dans une version d’une rare qualité, à prix raisonnable (49,99€) et surtout bien moins choquant que ce que d’autres éditeurs peuvent demander pour un seul remaster bien plus fainéant.
Pour Suikoden I et II, les développeurs et artistes ont fait un travail exceptionnel de modernisation tout en restant extrêmement fidèles aux œuvres d’origine. Entre un rendu visuel très réussi, un sound design de qualité et surtout une panoplie de petits ajouts et modifications pour améliorer le confort de jeu, Suikoden I & II HD Remastered Gate Rune and Duncan Unification Wars devient une référence pour tous les éditeurs et studios qui souhaiteraient ressortir certaines licences du placard. Et petit bonus exquis, il tourne parfaitement sur Steam Deck.
Suikoden I & II HD Remastered Gate Rune and Duncan Unification Wars est disponible sur PlayStation 4 et 5, Xbox One et Series X|S, Nintendo Switch et PC.
Jeu testé par Lianai à partir d’une version Steam fournie par l’éditeur.














