Qui sont les houthistes du Yémen, qui ont conclu un cessez-le-feu avec Donald Trump ?
“Les houthistes sont un mouvement politico-religieux armé se réclamant du zaïdisme, le courant de la minorité chiite du Yémen”, explique le site de la BBC. Fondé par Hussein Al-Houthi, le groupe est aujourd’hui dirigé par son frère, Abdel Malek Al-Houthi. D’après The Guardian, il regrouperait quelque 20 000 combattants.
Membres revendiqués de l’“axe de la résistance” mené par l’Iran, ils sont aux côtés du Hamas à Gaza, du Hezbollah au Liban et des milices chiites en Irak. Aujourd’hui, les houthistes contrôlent la capitale du Yémen, Sanaa, et environ 30 % du territoire yéménite, où vit près de 70 % de la population.
Naissance sur les cendres d’un État contesté
Le groupe voit le jour au lendemain de l’unification du Yémen, peu après 1990 : “L’attachement aux identités tribales reste fort, en particulier dans le Nord, et de nombreux groupes différents exercent un certain pouvoir”, observe The Conversation. Opposés au président de l’époque, Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1978, “un dictateur et représentant d’un autre groupe tribal”, les houthistes apparaissent rapidement comme les plus farouches adversaires du régime.
La révolution de 2011, dans la foulée des printemps arabes, écarte Saleh, chassé par le peuple yéménite. Mais le processus transitionnel marginalise les houthistes, qui renversent le gouvernement en 2014. Le président déchu se réfugie alors à Aden, dans le sud du pays. L’ancien dictateur Saleh est quant à lui exécuté trois ans plus tard par les rebelles.
Marginalisation et influence iranienne
Selon la BBC, “les houthistes aspirent à plus d’autonomie pour leurs bastions du Nord”. Et “ils sont révoltés par des décennies de marginalisation politique, d’exclusion sociale et économique et de répression, mais ils voient aussi d’un mauvais œil la montée de l’influence saoudienne”, ajoute The Conversation. C’est d’ailleurs pour contenir leur avancée que Riyad lance, en 2015, une intervention militaire avec l’appui de pays sunnites alliés. Ce conflit régional s’enlise et provoque l’une des pires crises humanitaires contemporaines.
Le groupe est politiquement soutenu par l’Iran, qui nie toute implication militaire directe. Pourtant, selon les États-Unis et l’Arabie saoudite, Téhéran aurait fourni armes, formation et renseignements aux houthistes, en violation d’un embargo onusien. Plusieurs experts cités par la BBC estiment que “les houthistes ne pourraient pas mener les actions actuelles s’ils ne bénéficiaient pas des armes, de l’entraînement et des renseignements fournis par l’Iran” – tout en soulignant qu’“il n’est pas certain qu’ils soient pour autant sous la tutelle directe de Téhéran”.
Un cessez-le-feu sans Israël
Après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, les houthistes s’engagent dans une série d’opérations militaires “en solidarité avec le Hamas”, indique The New York Times. Depuis, ils ont mené près de 200 attaques contre des navires dans le golfe d’Aden et en mer Rouge, un couloir crucial pour 12 % du commerce mondial de marchandises. L’organisation Acled, citée par Al-Jazeera, recense également une cinquantaine de frappes en territoire israélien.
Par ces offensives, les houthistes cherchent à élargir leur influence et à affaiblir Israël, tout en exerçant une pression stratégique sur les États-Unis. Ces derniers, avec le Royaume-Uni et Israël, ont riposté par des centaines de frappes au Yémen. En 2024, Al-Jazeera dénombrait “au moins 430 attaques” ayant fait “plus de 285 morts”, dont des civils.
Depuis la mi-mars 2025, l’armée américaine mène une campagne massive de bombardements, affirmant avoir visé plus de 1 000 positions houthistes. Mais le 6 mai, à la surprise générale, Donald Trump a annoncé que les houthistes avaient “capitulé”, promettant donc la fin immédiate des frappes américaines. Ce cessez-le-feu, qui exclut Israël, a été confirmé quelques heures plus tard par Oman, médiateur du conflit. Le groupe armé, lui, ne dément pas, mais se vante d’avoir plutôt “soumis” le Pentagone.
Vendredi 9 mai, les houthistes ont affirmé avoir visé de nouveau l’aéroport de Tel-Aviv, en Israël, où l’armée avait annoncé plus tôt avoir intercepté un tir de missile depuis le Yémen.