En plein été, j’ai été invité avec d’autres journalistes Japonais à découvrir la préfecture de Niigata qui est située à environ 2h au nord ouest de Tokyo. Pour être honnête avec vous, je ne savais vraiment pas à quoi m’attendre et je décide justement de ne pas en apprendre plus avant mon voyage histoire de ne pas gâcher la surprise.
Mais je vous avoue dès maintenant qu’après mon trip de quelques jours, j’ai adoré cette région qu’on appelle en Japonais Yukiguni (littéralement pays de neige) en référence au roman « Snow Country » écrit à Niigata par le prix nobel Yasunari Kawabata. Je vous en parle un peu plus plus bas mais avant ça, découvrons la fabrique de Tsukemono, une des spécialités du coin.
Visite de la fabrique de Tsukemono Imanari
Avant de parler de la fabrique Imanari, essayons d’abord de comprendre qu’est-ce que le Tsukemono. Tsukemono ne réfère pas directement à un aliment en particulier mais plutôt à une technique de conservation par macération. En effet, dans des régions froides et enneigées comme Niigata, la conservation des aliments est une technique indispensable pour pouvoir avoir assez d’aliments à manger en hiver.
Les habitants ont ainsi développé un savoir-faire particulier dans la macération des produits locaux, pour leur propre survie. Pour votre information, la fabrique de Tsukemono Imanari a plus de 200 ans d’histoire ! En ce qui concerne le type d’aliments qu’on macère, les habitants utilisent surtout des concombres et des aubergines et les activités sont principalement faites à la main.
Il y a plusieurs étapes dans la macération des aliments qui inclue un mois dans d’une saumure à base de sel, un mois dans une saumure à base de sucre pour finir avec un mois dans du Sake Kasu, saumure à base de Sake. Visiter cette fabrique traditionnelle de Tsukemno a vraiment été instructif, surtout en sachant l’importance de maitriser ce genre de technique de conservation dans des régions à hiver rude.
Voici à quoi ressemble le produit fini emballé :
Après la visite de la fabrique vient l’heure de la dégustation et même si je n’aime pas particulièrement les condiments, j’ai adoré les Tsukemono de chez Imanari. On a en plus eu l’honneur de gouter le tout dans la maison de propriétaires de la fabrique.
Dégustation de Soba au restaurant Miyanoya
L’autre spécialité culinaire de Niigata est les nouilles Soba et on a été accueilli au restaurant Miyanoya par un jeune chef expert en la matière. Il nous a présenté son parcours en faisant un petit tour dans la superbe foret du mont Hakkai.
Mais trêve de bavardage et place à la dégustation des nouilles Soba. Et même si ce n’est pas mon plat préféré au Japon, je vous confirme que c’était succulent !
Pour info, ce que vous voyez à droite c’est ce qu’on appelle des « mountain vegetables » et on va en manger souvent le long de ce voyage. En gros, ce sont des plantes sauvages qui sont comestibles et qui poussent en grande quantité dans les montagnes. Il faut savoir les reconnaitre mais comme vous pouvez l’imaginer, cette connaissance a permis aux populations locales de survivre aux hivers les plus rudes.
Dégustation de suchi au restaurant Ryuzushi
Après le déjeuner au restaurant de Soba, quoi de mieux qu’un autre déjeuner ? 🙂 J’étais déjà rassasié mais on ne peut pas refuser des sushis ! Et c’est au restaurant Ryuzushi qu’on va gouter des sushis absolument délicieux préparés par un chef de renom. Et pour faire passer le tout, quelques lampés de saké feront l’affaire. 🙂
Il faut avouer que les prix étaient assez élevés avec des menus commençant à 6000 yens (environ 50 euros) mais la qualité est vraiment au rendez-vous. Ça a été les meilleurs sushis que j’ai gouté au Japon so far. Rien à voir avec ceux du combini du coin.. :p
Visite de la brasserie de Miso Kizu-Jyozo
On enchaine avec la visite d’une usine de fabrication de sauce Miso. Vous savez, c’est cette sauce que vous trouvez dans la soupe Miso. Et c’est le manager de la fabrique qui nous fait visiter l’endroit avec une passion vraiment palpable.Et c’est avec surprise qu’on découvre que la plupart des activités de l’usine se font jusqu’à aujourd’hui à la main.
Comme vous le voyez, le Miso a différentes couleurs en fonction du temps de macération. Le jaune est le plus jeune et ça tend ensuite vers le marron. Celui que tient le chef de la fabrique a fermenté pendant environ 8 ans !
Séjour au Ryokan Satoyama Jujo
Après la visite de la brasserie de Miso, on finit magnifiquement la journée avec une nuit de rêve au Ryokan Satoyama Jujo. Perché dans les hauteurs de Minami-uonuma, ce ryokan est juste exceptionnel. Et avant de le visiter, il est important de noter qu’il a fait faillite pas moins de 2 fois pendant la dernière décennie. Pourquoi ? Tous simplement parce que les frais de fonctionnement en hiver sont trop élevés ! En effet, le Ryokan Satoyama Jujo se trouve dans une région froide très enneigée et on comprend donc que la facture du chauffage peut être salée. Sans parler des frais pour déblayer la neige.
Mais le nouveau propriétaire a pris les choses en main en modernisant les installations tout essayant de garder le charme de ce Ryokan de luxe. Visitons d’ailleurs ensemble l’intérieur de l’établissement et les quelques 13 chambres qu’ils comptent.
Comme vous le voyez, le cadre est absolument magnifique et je ne vous ai pas montré encore mon coin préféré au Satoyama Jujo. Je parle bien entendu des onsen paradisiaques qui vous donnent une vue imprenable sur la foret et les montagnes qui nous entourent. C’était juste magique de prendre un bain de bon matin avec cette vue ! Pour info, celui de droite c’était pour les femmes mais on a échangé le lendemain pour pouvoir essayer les 2.
Après une visite du Ryokan, on nous propose une petite promenade dans la foret. On nous apprend d’ailleurs à reconnaitre les « mountain vegetables », les plantes sauvages comestibles de la foret. Et j’avoue qu’entre une plante toxique et une plante comestible, la différence n’était pas si évidente.
C’est pas tout mais après ces aventures dans les bois, le ventre se creuse et on se prépare donc pour le diner. Au menu, des plantes de la foret et plein d’autres petits plats exquis et sains.
Après avoir bien diné, je m’en vais faire un saut au onsen et me prépare à dormir tranquillement. Le réveil est à 6h du matin le lendemain mais bizarrement ça se passe assez bien. C’est surement grace à toutes les plantes et les légumes que j’ai mangé la veille.. 🙂 Faut que je devienne végétarien, ça y est !
Mais si vous vous demandez pourquoi un reve si tot, c’est tout simplement pour aller faire du vélo en montagne même si le temps était un peu gris, voir pluvieux. Mais même pas peur ! 😉
On en profite pour admirer les magnifiques paysages montagneux du coin et les belles rizières. Niigata est d’ailleurs réputé pour produire un des meilleurs riz du Japon. On rencontre d’ailleurs le propriétaire de la rizière qui a produit le riz qu’on a mangé la veille. Et comme vous le voyez, il a la forme ! 🙂
Et c’est après ce tour en vélo que se termine notre superbe séjour au Ryokan Satoyama Jujo. C’est vrai que la nuit est assez chère mais c’est une expérience vraiment inoubliable qui marque vraiment. Je ne l’ai pas mentionné mais le staff du Ryokan a été vraiment génial avec nous et on a été vraiment chouchouté.
Visite de la fabrique de Sake Aoki
On enchaine avec la visite de la fabrique de Sake local Aoki et on commence le tour par une breve explication sur le process de fabrication de Sake. Pour faire simple, pour produire du Sake, il faut principalement de l’eau et du riz. On comprend donc que la qualité de ces 2 produits impacte directement la qualité du produit fini.
En plus du mélange eau + riz, un champignon microscopique naturel appelé koji-kin est ajouté pour enclencher la transformation de l’amidon du riz en glucose. Pour finir, on peut ajouter des levures pour enclencher la fermentation ou les laisser apparaitre naturellement.
Mais la fabrique de Sake Aoki a une caractéristique particulière En effet, comme on l’a vu précédemment, la région est sujette à de fortes chutes de neige pendant une grande partie de l’année. Et pour en profiter, la fabrique de Sake utilise justement cette neige comme source froide pour conserver leurs bouteilles de Sake.
Une fois par an, les ouvriers remplissent une salle de neige des montagnes voisines et il y a ensuite un système de ventilation qui propage les températures basses partout dans le local. Une idée de génie qui permet de réaliser des réductions importantes à la compagnie.
Déjeuner au restaurant Ubusuna-no
Pour le déjeuner, on va au restaurant Ubusuna-no et on est accueilli par les énormes sourires des cuisinières de l’établissement. Le bâtiment en lui même est assez spécial car c’est en fait une ancienne maison en toit de chaume du style gassho. Ce type d’habitation est notamment répandu dans le nord de la préfecture de Gifu, dans des villes comme Takayama ou Shirakawago.
Relaxation au onsen du Ryokan Takahan
Et on finit notre trip à Niigata avec un moment de relaxation au Ryokan Takahan. Qu’a-t-il de particulier vous me direz ? Alors est-ce que vous vous rappeler du roman « Snow Country » écrite par le prix nobel de littérature Yasunari Kawabata ?
Ce fameux roman, traduit en plusieurs langues étrangères, est un classique de la literature Japonaise et il a été en partie écrit au Ryokan Takahan. Vous pouvez même visiter la chambre de Yasunari Kawabata qui a été gardée telle quelle et c’est aujourd’hui une sorte de petit musée.
Et pour se mettre encore plus dans la peau de cet écrivain de renom, pourquoi pas aller prendre un bain dans le onsen dans lequel il avait l’habitude de se baigner. Avec un peu de chance, je ferai la même carrière.. 🙂
Et c’est ainsi que se finit mon superbe séjour à Niigata. J’espère que vous avez appréciez cet article et que ça vous a donné envie de visiter cette belle préfecture. Si vous avez une question sur un des lieux que j’ai visité, n’hésitez pas à me l’envoyer dans les commentaires.
À très bientôt quelque part en Asie.. 🙂
MF