Everybody’s Golf: Hot Shots – Test de Everybody’s Golf: Hot Shots – Le grind derrière le green
Licence populaire de l’ère PS1, Everybody’s Golf a depuis presque trente ans connu des hauts et des bas, chaque nouvelle itération tentant de retrouver le fun qui caractérise leur vision du golf. La plupart des jeux ont été développés par Clap Hanz, toutefois le studio laisse sa place pour le dernier épisode en date à Hyde, un studio interne à Bandai Namco qui en récupère au passage l’édition. Auparavant chasse gardée des consoles de Sony, Everybody’s Golf: Hot Shots est le premier épisode de la saga principale qui sort de l’écosystème PlayStation, puisque en plus de la PS5, le jeu est également disponible sur PC et sur Switch. Une réussite ?
Facile à aborder, difficile à maîtriser
L’accessibilité des Everybody’s Golf est l’essence même de la licence. Vision parodique du golf, ce nouvel épisode propose le même concept de gameplay que ses prédécesseurs avec les tirs en « trois touches » qui ont déjà fait leurs preuves et qui restent faciles à comprendre même pour les néophytes. Le concept : avec la touche de tir, appuyer une première fois pour lancer l’indicateur dans la barre de puissance, une deuxième fois pour l’arrêter selon la puissance souhaitée et une troisième fois pour la précision. Cela s’agrémente évidemment d’un indicateur en mouvement qui nécessite de choper le bon timing, ainsi que d’une barre de précision qui se réduit selon la surface où l’on se trouve, mais le concept de base est compris en quelques minutes et permet à tout le monde d’y jouer. Il existe deux autres modes de tir, mais ils reposent sur un concept similaire. C’est d’autant plus accessible que le choix par défaut pour le club de golf à utiliser selon la distance et la visée par défaut se révèle être souvent les meilleurs, sauf sur le green, où il faut faire preuve d’un peu plus de précision selon les conditions (dénivelé, vent…). D’ailleurs, le titre devient justement plus compliqué à maîtriser sur le green, c’est-à-dire la zone de quelques mètres autour du trou, et c’est là que se joue le plus souvent la différence entre un bogey, un par ou un birdie, avec les points qui vont avec. Mais sans être frustrant, Everybody’s Golf: Hot Shots reprend les idées qui ont forgé la série et reste plutôt fun dès ses premiers instants, quand bien même on s’aperçoit vite du challenge que peuvent représenter les histoires des différentes personnages dans le mode World Tour, face à des compétiteurs IA qui ont moins de difficulté à mettre la balle dans le trou dans la limite du par.
Alors, pour aller au bout des différents modes, mais surtout du World Tour, il faut apprendre les subtilités : gestion du vent, que l’on peut vérifier soit avec un indicateur plus ou moins précis, soit en jetant quelques brins d’herbe, ainsi que l’impact du terrain sur les différents tirs, et enfin une précision obligatoire sur les tirs en trois touches pour ne pas voir la balle s’envoler du mauvais côté. Et c’est là que se trouve le vrai challenge, parce que s’il n’est pas très difficile de réaliser un par, les birdie (un coup sous le par) ou, encore mieux, les eagles (deux coups sous le par), deviennent des récompenses sacrément grisantes. Pour rechercher ces coups un peu miraculeux, le jeu met à disposition des coups spéciaux qui permettent de se faciliter la vie et qui dépendent de chaque personnage. Ces coups, accessibles sous certaines conditions, permettent aussi de bouleverser des affrontements et de maintenir le suspense jusqu’au 18è trou, tant que l’on accepte l’idée que l’injustice puisse parfois faire son apparition. En effet, Everybody’s Golf a toujours assumé son caractère arcade et celui-ci n’y échappe pas. Surtout que sa gestion des coups sur un terrain en dénivelé reste un mystère dans lequel l’aléatoire semble très (trop ?) présent, à tel point qu’il est parfois préférable de rater volontairement un coup, pour envoyer la balle dans une autre zone, plutôt que de tenter de viser plus précisément. Un coup complètement raté part en effet assez haut et loin, tandis qu’un coup raté de peu du « perfect » sur un terrain en dénivelé peut parfois… simplement élever la balle de quelques centimètres pour la faire retomber au même endroit. Un drôle de choix, qui renforce certaines frustrations, mais qui heureusement concerne des situations qui sont assez rares. D’autres frustrations peuvent aussi être causée par une caméra de base, bien trop basse, qui ne permet pas de voir correctement le parcours en face de nous, mais ça se règle avec quelques petites manipulations. Aussi, le titre fait le choix de ne pas avoir de grand parcours, avec plutôt un enchaînement de petits parcours peu inspirés et qui se ressemblent un peu tous, dont les trous ne sont pas liés entre eux : n’espérez pas voir le trou n°1 au loin en parcourant le n°2, ils sont tous indépendants les uns des autres. Dommage.
Généreux, mais chronophage
Loin d’être avare, le titre propose de nombreux modes accessibles dès le début : le World Tour d’abord, où l’on joue la campagne de chaque personnage, soit en mode rapide (sans dialogues) soit en mode lent (avec dialogues et des histoires qui ne sont pas forcément captivantes). Au centre des débats, c’est dans ce mode que l’on débloque les personnages, au-delà des deux premiers disponibles dès le début. Malheureusement, cela implique beaucoup, beaucoup de grind : les personnages se débloquent lentement, mais il faut en plus accumuler des crédits ainsi que gagner de l’expérience et de la « loyauté » sur chaque personnage pour améliorer ses statistiques, acheter des clubs et des balles, ainsi que de la nourriture (pour augmenter les statistiques des personnages) afin de pouvoir battre les adversaires les plus coriaces. Certes, c’est une structure de progression commune aux précédents titres de la série, mais le jeu est encore plus chronophage qu’avant avec un rythme de déverrouillage de la vingtaine de personnages très lent. Et c’est d’autant plus dommage que l’accessibilité immédiate du titre donne envie de le partager dans des sessions compétitives avec des amis, chose compliquée quand il n’y a que deux personnages débloqués de base. Le grind est particulièrement pénible parce que le jeu est très, trop, bavard, avec des personnages qui ne cessent de parler et de hurler en pleine partie, pour donner une impression de dynamisme qui n’était franchement pas nécessaire dans le gameplay est déjà pêchu. Plus dommage encore, le titre offre plusieurs autres modes très funs à jouer, du côté de son « Wacky Golf » qui propose divers manières d’aborder les parties, avec de nombreux handicaps et obstacles qui pimentent chaque coup. C’est fun, mais là encore, on aurait aimé avoir un peu plus de choix d’entrée de jeu sur les personnages à disposition et les coups spéciaux propres à chacun d’entre eux.
De fait, Everybody’s Golf: Hot Shots est très orienté vers le jeu solo, poussant à grind de nombreuses heures dans l’espoir d’en débloquer un contenu suffisant pour s’offrir des parties multijoueurs un peu moins monotones. Un choix qui pourrait en rebuter plus d’un, surtout que même lorsque l’on découvre une balle ou un club de golf en particulier au cours d’un challenge ou de l’histoire d’un personnage, il faut encore l’acheter derrière dans le magasin au moyen des crédits obtenus en jeu, et gagner de l’expérience avec un personnage pour atteindre le niveau requis afin de l’équiper. Pénible à la longue, le système exige un temps de jeu important alors qu’il avait les cartes en main pour être une nouvelle référence du jeu de golf tendance party game, sur une génération pendant laquelle le dernier Mario Golf en date s’est complètement raté. Plus encore, le jeu déçoit sur ses performances techniques : on apprécie de revoir les parcours colorés et personnages loufoques propres à la saga (bien que les deux personnages de base sont très sages), mais les performances sur PlayStation 5 souffrent de nombreux ralentissements qui s’expliquent difficilement compte tenu de ses qualités techniques loin des standards de notre époque. Le plus compliqué, c’est que ces ralentissements peuvent aussi intervenir au moment du tir, remettant en cause le timing de certaines frappes.
Conclusion
Trop sûr de lui, mais pas assez de son concept, Everybody’s Golf: Hot Shots sacrifie le fun et l’accessibilité de son gameplay derrière la lenteur du déblocage de son contenu. Un choix qui n’étonne pas, car la série a toujours caché des parcours et des personnages à débloquer derrière son World Tour ou derrière d’autres modes plus ou moins réussis, mais le rythme de déblocage est si lent que l’on finit par le mettre de côté. C’est d’autant plus dommage que les modes secondaires, avec obstacles et règles absurdes, offrent un feeling « party game » plutôt réussi qui rappelle l’expertise de la série en matière de jeu multijoueur. Mais l’idée d’y jouer encore et encore avec une poignée de personnages, qui disposent tous de leurs propres statistiques, forces comme faiblesses et coups spéciaux, casse complètement l’idée du fun à plusieurs inhérent au genre. Avec, en plus de cela, des performances techniques décevantes, il faudra attendre quelques temps et des patchs pour y trouver une expérience un poil plus satisfaisante.
Test réalisé par Hachim0n sur PlayStation 5 à partir d’une version fournie par l’éditeur.




