Les “Crazy Rich”, ces Indonésiens enrichis illégalement grâce à des jeux en ligne



“Jeunes, riches, suspects”, titre en une Tempo. Sur la couverture de l’hebdomadaire indonésien, trois jeunes au volant de deux voitures de luxe décapotables jettent des dollars à tous les vents.

“Le public les surnomme ‘Crazy Rich’ en référence au film Crazy Rich Asians, du réalisateur Jon M. Chu, sorti en 2018, qui raconte les déboires d’un jeune couple empêché de se marier en raison d’inégalités économiques”, note Tempo.

Cette nouvelle vague d’Indonésiens fortunés, dont la moyenne d’âge ne dépasse pas la trentaine, s’est enrichie soudainement en persuadant ses proies d’entrer dans des jeux d’argent en ligne. Ils promettent des bénéfices à des investisseurs, entre autres via l’application d’options binaires. Mais la majeure partie de l’argent se retrouve sur leur compte.

Doni Salmanan, par exemple, un Crazy Rich de Bandung, qui n’a que 23 ans, a réussi à prendre 1 milliard de roupies [63 millions d’euros] à un joueur en ligne.”

Les utilisateurs de réseaux sociaux en Indonésie, qui étaient au nombre de 191,4 millions en janvier 2022, constituent un vaste marché pour les propriétaires de ces jeux de hasard. Afin d’éblouir leurs clients potentiels et gagner le titre de “sultan”, ces “Crazy Rich” s’exhibent sur les plateformes avec leur Lamborghini, leur Tesla Model 3 et autres objets de luxe acquis grâce à ce qu’ils nomment fièrement dans leur jargon “gabut”, l’acronyme pour “gaji buta”, “salaire aveugle”, en français, c’est-à-dire fictif.

“Cet hédonisme est toxique, car il donne l’illusion de l’argent facile. De plus, l’origine de cette richesse n’est pas claire”, observe Tempo, citant le directeur du Centre de rapports et d’analyse des transactions, Ivan Yusdavandana :

Les données que nous avons récoltées conduisent à du blanchiment d’argent. Et jusqu’à des bookmakers russes.”

L’enquête a permis l’arrestation récente de plusieurs Crazy Rich. Une répression dont se félicite l’hebdomadaire, car “pour emprunter aux paroles d’une chanson du groupe punk rock balinais Superman is Dead, ces riches sultans fous pourraient devenir ‘jeunes, riches et dangereux’.”



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