Six mois après la sortie de la PS5, en novembre 2020, la rupture de stock de la console de jeux se poursuit. Sony, qui en a déjà vendu quelque 8 millions d’unités, peine à en produire suffisamment pour satisfaire la demande, qui est montée en flèche sous l’effet de la crise sanitaire et des confinements. À quoi s’ajoute la pénurie de puces électroniques, qui ralentit elle aussi la production.
Au Japon, cette situation représente une aubaine pour les tenbaiya (“revendeurs”), qui achètent un nombre exorbitant de consoles pour les revendre à un prix plus élevé sur les applications de petites annonces, selon le Mainichi Shimbun, le plus ancien quotidien japonais, qui a fait une enquête sur le sujet.
Sur certaines plateformes, la console est vendue 100 000 yens (750 euros), soit le double du prix normal. Un de ces revendeurs, qui a accepté de témoigner sous le couvert de l’anonymat, admet que “même pour les tenbaiya chevronnés, il est désormais difficile de se procurer des PS5”.
De plus, sous l’effet de la crise économique que traverse actuellement le Japon, les tenbaiya se seraient multipliés. Selon un sondage réalisé en décembre 2020 par l’institut de recherche JMRO et l’entreprise informatique Adologi, 22 % des personnes interrogées avaient un travail d’appoint pour subvenir à leurs besoins durant la pandémie et 30 % d’entre elles se servaient d’applications de petites annonces dans ce but. “Bien évidemment, il ne faut pas oublier qu’il y a aussi des personnes qui ne font que revendre leurs biens. Et force est de constater que les tutoriels pour devenir tenbaiya sont pléthoriques en ligne. La carrière de revendeur ne semble pas compliquée à lancer”, écrit le journaliste.
Lacune juridique
“Avec la crise, nous sommes certainement plus nombreux, confirme le tenbaiya déjà cité. Beaucoup de personnes sont financièrement aux abois. Vu sa popularité, le prix de la PS5 ne baissera pas. C’est un produit facile à traiter même pour les débutants. […] De plus, les Chinois sont très demandeurs des jeux japonais en ce moment.”
Pour se procurer des PS5, certains revendeurs se servent même d’après lui de l’intelligence artificielle, afin de s’inscrire en masse dans les systèmes de tirage au sort mis en place par les magasins d’électroménager.
Selon le Mainichi Shimbun, ces revendeurs profitent d’une lacune de la loi japonaise, qui encadre certes la vente d’articles de seconde main, mais pas celle des produits neufs. “Comme il ne s’agit pas d’un acte illégal en soi, les fabricants de consoles peinent à mettre en place des mesures contre eux”, explique le journal.
Des mesures antirevendeurs
Les magasins d’électroménager, eux, ne restent pas les bras croisés. Nojima, l’équivalent de la Fnac au Japon, a mis en place des mesures antirevendeurs en janvier, en limitant entre autres le nombre de consoles qu’un consommateur peut acheter. Quant à Mercari, l’une des plus importantes plateformes de petites annonces au Japon, il va introduire dès cet été un système d’alerte qui avertit les consommateurs lorsque le prix d’un produit monte de manière anormale.
Hideki Yasuda, analyste à l’institut ACE Research et fin connaisseur du secteur des jeux vidéo, estime en tout cas que la rupture de stock est partie pour durer :
Certaines personnes achètent la PS5 car ils apprécient sa rareté et le côté très esthétique de son design. Pour eux, il s’agit d’un joli objet permettant d’améliorer leur intérieur. L’augmentation de la production semble difficile, on ne pourra probablement pas les acheter dans les magasins avant longtemps.”