Du Vietnam à l’Afghanistan, comment l’Amérique a tourné le dos aux réfugiés



Les États-Unis avaient accueilli plus de 300 000 personnes d’Asie du Sud-Est après la guerre du Vietnam. Aujourd’hui, après une autre guerre perdue, il y a peu de chances que le pays soit aussi généreux.

Une intervention militaire américaine à l’étranger longue de plusieurs décennies venait de prendre fin, et des milliers de personnes ayant aidé les États-Unis se pressaient pour monter à bord des derniers avions et obtenir, espéraient-elles, une autorisation de séjour en Amérique. La capitale de leur pays venait de tomber. Ceux qui resteraient risquaient de terribles représailles, c’était presque une certitude.

Nous étions en 1975 en Asie du Sud-Est, et Washington avait alors ouvert grand les portes de l’Amérique, pour accueillir au fil des quatre années suivantes quelque 300 000 réfugiés venus du Vietnam, du Laos et du Cambodge. Un jeune sénateur du Delaware du nom de Joseph R. Biden Jr. avait coprésenté une loi décisive, adoptée à l’unanimité au Sénat puis promulguée en 1980, afin de distinguer la politique d’asile de la politique étrangère américaine, et d’augmenter les quotas de réfugiés accueillis chaque année.

Alors qu’aujourd’hui la fin de vingt ans d’intervention états-unienne en Afghanistan provoque à Kaboul des scènes de chaos et de désespoir très semblables, la plupart des analystes s’accordent sur un point : il est peu probable que Washington relance un programme d’accueil d’aussi grande ampleur que celui qui avait accompagné la fin de la guerre du Vietnam.

Une opinion américaine beaucoup moins compatissante depuis plusieurs décennies, un débat politique toxique et sclérosé sur l’immigration, et les inquiétudes d’aujourd’hui concernant le terrorisme et le coronavirus réduisent presque à néant l’éventualité d’une mobilisation aussi massive.

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Des migrants économiques plutôt que des réfugiés

Depuis les années 1930, les sondages Gallup n’ont cessé de refléter l’ambivalence des Américains pour ce qui est de l’accueil des réfugiés. En 2018 encore, alors que d’importants contingents de Syriens, d’Irakiens et d’Afghans fuyaient leur pays, les Américains s’estimaient, selon une enquête du Pew Research Center, plus enclins à accueillir des immigrés ordinaires, en quête d’une vie meilleure, que des réfugiés fuyant la guerre et la violence – et les États-Unis sont en cela une exception comparés aux 16 autres pays occidentaux sondés.

La loi sur les réfugiés soutenue par Biden [dans les années 1970] confie au président le soin de fixer le nombre de personnes susceptibles d’être accueillies chaque année pour des raisons humanitaires ou d’autres motifs relevant de l’intérêt national. La Maison-Blanche a en la matière une grande latitude.

Quand le programme a été lancé en 1980, le plafond était fixé à 234 000 réfugiés. Ce chiffre n’a cessé de diminuer depuis, jusqu’à atteindre son plus bas niveau, 15 000 personnes accueillies, lors de la dernière année du mandat de Trump, qui avait fait de son hostilité à l’immigration une pierre angulaire de sa présidence.

Si Joe Biden a fait campagne en promettant une politique d’accueil plus humaine et la relance du programme d’asile, jamais le nombre de réfugiés accueillis aux États-Unis en un an n’avait été si bas (6 246 au 31 juillet), ce qui s’explique notamment par la fermeture des consulats et l’allongement des délais de traitement des demandes en raison de la pandémie.

Montrer que “l’Amérique est de retour”

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Miriam Jordan

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Avec 1 600 journalistes, 35 bureaux à l’étranger, 130 prix Pulitzer et quelque 5 millions d’abonnés au total, The New York Times est de loin le premier quotidien du pays, dans lequel on peut lire “all the news that’s fit to print”

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