Octopath Traveler II – Test d’Octopath Traveler II – Quand la HD-2D sauve Square Enix


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Retour vers le Futur

Sorti en 2018 et développé en partenariat avec le studio Acquire, Octopath Traveler fut le premier représentant d’un nouveau style chez Square Enix : la HD2D. Mélangeant avec intelligence le charme des sprites en 2D à la finesse des décors 3D, il apporta une touche de fraîcheur aux J-RPG reprenant les codes de son âge d’or. Si le jeu ne put se vanter d’être parfait, ses qualités indéniables lui conférèrent un succès tel qu’aujourd’hui cette HD-2D est devenue la marque de fabrique de pratiquement tous les RPG old school de Square Enix. Octopath Traveler — ainsi que son antépisode mobile Champions of the continent —, Triangle Strategy, les remakes de Live A Live et Dragon Quest III ainsi que d’autres à venir d’après les déclarations de Square Enix, les titres s’enchainent avec des retours toujours positifs, à croire que c’est devenu le genre dans lequel excelle le plus le géant japonais. Depuis, d’autres studios ont suivi la mode et avec elle une liste toujours plus longue de jeux déjà disponibles ou à venir, comme le très attendu Eiyuden Chronicle : Hundred Heroes et Rising. Sacrifire, Crystal Project, Wandering Sword, Cassette Beasts ou encore Replaced dans un style un peu différent. Mais nous voilà en 2023 et il est temps de parler du jeu qui nous intéresse aujourd’hui, celui qui doit pousser la HD-2D de Square Enix encore un cran plus loin : Octopath Traveler II.

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On était tous les huit destinés

Délaissant le monde d’Orsterra au profit de Solistia, Octopath Traveler II est une suite totalement indépendante proposant une toute nouvelle histoire et de nouveaux personnages, ce qui devrait rassurer celles et ceux qui hésitent à cause du numéro après le nom. Nul besoin d’avoir joué au premier pour apprécier le second et en dehors de deux ou trois clins d’œil dissimulés ci et là, il n’existe strictement aucun lien entre les deux jeux.

Reprenant le principe des multiples destins entrecroisés du premier Octopath Traveler, ce deuxième opus propose huit nouveaux personnages à recruter parmi lesquels se trouvent Ochette, la chasseresse bestia voyageant pour sauver son île d’un cataclysme ; Partitio, le marchand idéaliste rêvant d’un monde sans pauvreté ; Osvald, l’érudit qui ne vit que pour se venger de celui qui lui a tout pris ; Throné, la voleuse et assassin soumise en esclavage en quête de liberté ; Hikari, le prince déchu guidé par son désir de justice ; Agnéa, la danseuse rêvant de gloire et de vivre dans les pas de sa mère ; Temenos, l’inquisiteur nonchalant enquêtant sur un terrible assassinat ; et Castti, l’apothicaire amnésique à la recherche de son passé.

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Une belle brochette de personnages hauts en couleur, attachants et possédant chacun une histoire propre à suivre sous forme de chapitres se débloquant au fut et à mesure de la découverte du monde de Solistia. Si toutes ces histoires n’ont peut-être pas la même portée dramatique, elles restent très agréables à suivre et sont découpées de telle manière qu’il est tout à fait possible de jouer par petites sessions, les chapitres ne dépassant que rarement l’heure de jeu. Complot, vengeance, rédemption, justice, liberté, écologie, égalité, des thèmes vus et revus, toutefois mis superbement en scène et accompagnés d’une bande originale sublime. On reprochera peut-être une écriture parfois un peu trop enfantine, en allant un peu loin dans l’idéalisme simpliste, toutefois peut-on vraiment lui en vouloir pour autant ? On est totalement dans l’esprit shounen, ces mangas pour adolescents comme Naruto, Hunter X Hunter ou One Piece dans lesquels les héros sont héroïques et les méchants pas toujours si méchants que ça. Des histoires emplies de bons sentiments, qui ont au moins le mérite de promouvoir des valeurs généralement positives. Simple, oui et même parfois à la limite de l’exaspérant, néanmoins efficace et attachant pour ne pas dire attendrissant.

Si un défaut était souvent revenu concernant le premier épisode, c’était le manque d’interactions entre les différents personnages. Vivant tous leurs propres histoires indépendamment les uns des autres, ils ne conversaient que très rarement ensemble, ce qui pouvait laisser un goût d’inachevé, un manque d’ambition. Pour pallier cela, le studio a ajouté de nouvelles saynètes, à la manière d’un Tales of, qui mettent en scène de courts dialogues entre plusieurs personnages tout au long de l’aventure. Se déclenchant généralement lors des chapitres, elles restent cependant bien trop rares pour vraiment apporter un changement majeur dans le relationnel entre les personnages. La véritable nouveauté, ce sont les histoires croisées. Se présentant de la même manière que les chapitres individuels, ces histoires impliquent deux personnages pour une aventure en deux parties. Durant ces sessions, les deux personnages vont effectivement interagir entre eux, partager des expériences personnelles, échanger sur leurs passés et… C’est à peu près tout. Déjà, ces histoires croisées sont relativement courtes, mais en plus elles ne concernent que quatre duos, ce qui ne fait qu’accentuer le goût de trop peu, même s’il est indéniable que c’est toujours mieux que le néant précédent. Un acte supplémentaire n’aurait pas été de trop pour en profiter davantage.

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N’allez pas croire pour autant que le contenu est famélique, il n’y aurait pas plus éloigné de la vérité. Si vous additionnez uniquement les chapitres et les histoires croisées, la durée de vie se veut déjà très respectable. Par contre, si vous y ajoutez l’exploration, les quêtes annexes, les donjons et boss optionnels, les classes cachées, les armes uniques et j’en passe, elle devient gigantesque. Terminer le jeu de fond en comble vous prendra près d’une centaine d’heures, voire plus. De quoi occuper vos journées pour un long moment.

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Plus loin que la nuit et le jour

S’il y a un domaine dans lequel les développeurs d’Octopath Traveler II ont fait de gros efforts, c’est bien l’exploration. S’ils ont repris tout ce qui avait fait le succès du grand frère, ce n’est pas sans y apporter quelques modifications bien senties. Tout d’abord, le monde de Solistia fait un bon dans le temps. Là où la majorité des J-RPG font le choix du médiéval fantastique ou de la science-fiction, Octopath Traveler II a jeté son dévolu sur la révolution industrielle du XIXe siècle avec un petit arrière-goût de steampunk. Un genre assez peu représenté dans le J-RPG, ici brillamment présenté avec son lot de machines à vapeur, d’inventions farfelues, de chercheurs de métaux précieux et de villes tentaculaires aux rues éclairées. Ensuite, Solistia est bien plus vaste qu’Orsterra et surtout, elle est divisée en deux continents ayant chacun ses biomes et ambiances visuelles propres parmi les grands classiques du genre comme la jungle luxuriante, le vaste désert, la grande ville, les montagnes enneigées, les plaines verdoyantes, etc.  Or qui dit deux continents dit aussi navigation et c’est là l’une des nouveautés apportées par cet opus. À divers endroits, le long des cours d’eau, se trouvent des pontons à partir desquels il vous est possible d’embarquer sur de petites barques afin de traverser jusqu’à d’autres pontons où peuvent se cacher des trésors, des cavernes et différentes quêtes à débloquer. Et la navigation ne se limite pas à ça, puisqu’à un moment du jeu, il vous est permis d’obtenir un navire vous ouvrant les portes de la haute mer et tout ce qu’elle comporte de secrets et de zones à explorer autrement inaccessibles.

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Dernière grande nouveauté, et sûrement la plus importante de toutes, le jeu intègre un cycle jour/nuit, qui ne se limite pas à une simple amélioration esthétique. En effet, celui-ci s’accompagne d’autres ajouts, dont de nouvelles actions spéciales. Déjà présentes dans le premier épisode, ces dernières permettent durant l’exploration d’obtenir des informations et/ou des objets auprès des habitants, ainsi que les recruter pour les utiliser en combat, voire de leur faire perdre connaissance dans le dessein d’accéder à des lieux qu’ils bloquaient jusque-là. Toutefois, elles se limitaient à une seule action par personnage, ce qui laissait très peu de place à la personnalisation des groupes. Grâce au cycle jour/nuit, chaque personnage possède maintenant deux actions à utiliser en fonction du moment de la journée. Par exemple, Partitio peut acheter des objets le jour et engager (recruter) la nuit quand Castti peut obtenir des informations le jour et endormir la nuit. Et ce cycle étant bien fait, il vous est possible de changer de période à la volée, avec un simple bouton. Pas très logique, me direz-vous, néanmoins bien pratique.

C’est comme ça qu’on gagne !

Comme bien souvent dans un RPG, la nuit signifie aussi des combats plus coriaces et là encore, Octopath Traveler II débarque avec quelques nouveautés, dont les talents de nuit de Throné et Temenos qui apportent dans l’ordre des améliorations pour votre groupe et des affaiblissements pour les ennemis. Se déroulant toujours au tour par tour avec un groupe de quatre personnages, les combats reposent encore une fois sur la mécanique de points faibles à toucher pour diminuer la défense des ennemis jusqu’à les faire passer en mode faille, durant lequel ils ne peuvent plus agir et deviennent bien plus vulnérables aux attaques. Pour y arriver, vous avez les classiques attaques physiques, magiques ainsi que la mécanique d’exaltation. Cette dernière permet d’utiliser des points d’énergie, dans un maximum de trois par tour, soit pour attaquer une fois supplémentaire par point dépensé, soit pour augmenter plus ou moins grandement la puissance des compétences utilisées. Jusque-là, rien de nouveau, mais c’était sans compter sur la réserve d’énergie. Chaque personnage en possède une, qui se remplit en prenant des dégâts, via des objets ou par l’intermédiaire de certaines compétences. Une fois pleine, elle permet de lancer un talent unique à chaque personnage se traduisant par une attaque surpuissante comme pour Hikari ou Ochette, par la possibilité d’agir une seconde fois comme pour Throné, voire comme pour Agnéa de rendre de zone toutes les compétences à cible unique. Extrêmement puissants, ces talents pourront à de multiples occasions vous sauver la mise.

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Vraiment ? Eh bien, si cela peut se révéler vrai face aux boss optionnels, il s’avère que les combats sont majoritairement très faciles et rares seront les occasions où l’on ressent la nécessité de vider les réserves d’énergie. À dire vrai, les compétences uniques des personnages sont parfois si puissantes qu’elles font de l’ombre à cette nouvelle mécanique. Par exemple, Ochette est capable de capturer les créatures qu’elle rencontre un peu à la manière d’un Pokémon. Ainsi, il est rapidement possible de faire de cette petite chasseresse une machine de guerre capable de tuer tout ce qui se met en travers de son chemin en un seul tour, hors boss bien entendu. Et ce n’est pas la seule à posséder des outils surpuissants. Il en va de même pour Hikari et son talent de jour qui lui permet d’apprendre les aptitudes des habitants qu’il défie en duel et dont certaines dépassent l’entendement. En fait, si vous prenez le temps d’optimiser un peu votre groupe, vous vous rendez vite compte que le jeu propose tout un tas d’outils pour littéralement rouler sur son contenu en dehors de quelques exceptions demandant un peu plus de finesse. Et ça, c’est sans même prendre en compte le système de classes, qui ne fait qu’amplifier le sentiment de domination totale sur tous les combats.

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Car oui, le système de classes revient et vous offre la possibilité de débloquer les huit liées à vos personnages pour les transmettre à qui vous le souhaiter dans une limite de trois, chaque slot se débloquant en remplissant un prérequis spécifique. En plus de ces huit classes, le jeu en propose quatre autres cachées qu’il vous faut découvrir. Si l’une d’entre elles est très facile à trouver et peut même se débloquer dans la première heure de jeu selon votre premier personnage, les trois autres demandent un peu plus d’investissement pour les obtenir, mais ce n’est pas du temps perdu tant elles apportent à votre groupe. Seule contrainte de ces classes spéciales : elles ne peuvent être utilisées que par un membre du groupe. Une fois équipé d’une classe secondaire, le personnage a donc accès aux compétences de sa classe de base, à ses talents uniques ainsi qu’aux compétences de la classe secondaire et c’est là que ça devient amusant, car vous vous doutez bien qu’avec un tel système il existe des combos « légèrement » plus efficaces que d’autres, et je pèse mes mots.

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Quant à la progression de vos personnages, elle se dépend de deux choses : l’expérience acquise et les PC gagnés. La première permet de gagner des niveaux augmentant les statistiques et le second permet d’acheter de nouvelles compétences. D’autres compétences spéciales se débloquent en accomplissant certains faits durant l’aventure.

Pour résumer, Octopath Traveler II possède des combats extrêmement fun à jouer de par ses mécaniques, mais qui n’opposent malheureusement aucune difficulté tant les outils mis à disposition peuvent rapidement les rendre triviaux. Donc si vous cherchez un peu de challenge et que les combats comptent beaucoup à vos yeux, alors ce n’est peut-être pas le jeu fait pour vous. Cependant, si vous souhaitez vivre une aventure sans trop vous prendre la tête sur les combats ou si la sensation de puissance vous plaît, que vous aimez optimiser votre groupe pour atomiser les créatures et autres brigands qui oseraient vous défier, alors là vous serez servis, et plutôt deux fois qu’une.

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Encore un point pour la HD-2D

Vous l’aurez bien compris, Octopath Traveler II est censé être le nouveau fer de lance de cette HD-2D si chère à Square Enix et il faut admettre que les artistes se sont surpassés pour offrir des visuels de toute beauté. Entre les sprites 2D superbement animés, conservant ce charme si caractéristique des années 90, et les décors 3D ni trop détaillés ni trop minimalistes pour rendre hommage à cette période dorée du J-RPG tout en lui donnant un petit coup de jeune bien mérité, c’est du grand art. Vous pourriez me répondre que c’était déjà le cas du premier opus, sorti il y a déjà 5 ans, et ce serait tout à fait vrai. Toutefois, les développeurs ont poussé la barre un cran plus haut en augmentant la résolution des décors, en améliorant les effets de lumière et de particules pour un rendu plus organique, tout en ajoutant quelques effets de caméra, surtout visibles en combats, pour accentuer certains effets dramatiques. Ce n’est certes qu’une évolution, mais une évolution bienvenue et prouvant une nouvelle fois que la HD-2D n’est pas qu’un gimmick et mérite pleinement sa place dans le paysage vidéoludique.

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En complément, le jeu a été testé dans sa version Steam. Celle-ci propose quelques options graphiques appréciables pour adapter la qualité visuelle à votre matériel, comme la qualité de l’anticrénelage, des textures, des ombres, des effets de particules, du post-traitement ou encore la résolution de l’interface. Sur la machine de test, aucun souci n’a été rencontré durant toute l’aventure et les performances étaient au rendez-vous.

Quant à la musique, elle est toujours composée par Yasunori Nishiki, qui nous livre ici une œuvre plus incroyable encore que pour le premier épisode. Un régal pour les oreilles à savourer sans modération. Il n’y a strictement rien à jeter dans la longue liste des thèmes du jeu. Vous voulez de l’épique orchestral entraînant ? De la douce mélancolie ? Du sombre tragique ? Des mélodies folks ? Soyez rassurés, vous aurez de quoi nourrir votre addiction musicale pendant de nombreuses heures.

Conclusion

S’il était encore nécessaire de le préciser, Octopath Traveler II prouve une nouvelle fois qu’à défaut d’avoir le succès escompté avec ses grosses productions, Square Enix maîtrise son sujet avec la HD-2D. Le premier épisode avait lancé la tendance, Triangle Strategy et Live A Live l’avaient confirmée et Octopath Traveler II enfonce le clou une bonne fois pour toutes. Proposant une aventure plus grande encore au travers des destins de huit personnages attachants, un monde original plus vaste marqué par la révolution industrielle, des combats au tour par tour dynamiques, un cycle jour/nuit très bien intégré, des visuels à couper le souffle et des musiques splendides, cette nouvelle entrée dans le catalogue du géant japonais n’aura aucun mal à faire l’unanimité.

Pourtant, il n’est pas sans défauts et son écriture un poil trop idéaliste et simpliste pourra en rebuter plus d’un, tout comme la difficulté très faible et le manque d’interactions entre les personnages, malgré l’ajout des histoires croisées.

Mais aussi imparfait soit-il, Octopath Traveler II n’en reste pas moins une franche réussite à faire absolument pour tout amateur du genre.

Octopath Traveler II est disponible sur PlayStation 4/5, Nintendo Switch et Steam pour 59,99€.

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Test réalisé par Lianai à partir d’une version Steam fournie par l’éditeur.



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