Pendant des décennies, l’armée indonésienne a exigé que les candidates au recrutement et les fiancées des soldats subissent un test de virginité pratiqué à deux doigts sur leur clitoris pour déterminer si elles étaient sexuellement actives. Le Jakarta Post rappelle que “lorsqu’il était commandant de l’armée nationale, Moeldoko, aujourd’hui chef de cabinet du président, avait déclaré que même s’il n’y avait pas de corrélation entre la virginité d’une femme et sa capacité à servir dans l’armée, la virginité était un indicateur de sa moralité”.
Bien que cette pratique ait été suspendue en juillet 2021 par “une instruction technique” émanant du commandement militaire, il n’existe toujours pas de législation garantissant l’abolition des tests de virginité dans l’armée. “Pis encore, aucun officier militaire n’a jamais été tenu pour responsable de tels tests, ni administrativement ni légalement”, s’insurge l’autrice Aulia Shifa Hamida, par ailleurs membre de l’association Women Beyond Indonesia, qui promeut l’accès des femmes aux postes à responsabilités.
Aberration médicale
En rédigeant cette chronique pour le Jakarta Post, elle observe que cette pratique a été maintenue au sein de l’armée nationale alors même que l’Indonésie a ratifié de nombreux traités internationaux pour le respect des droits des femmes et de leur dignité. Elle insiste sur le fait que ces examens sont non seulement humiliants et discriminants, mais aussi totalement aberrants d’un point de vue médical :
Le test au moyen de l’insertion de deux doigts ne peut rien révéler de l’activité sexuelle d’une femme. Et du point de vue psychologique, il peut engendrer un effet traumatique profond.”
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes ce mardi 8 mars, la militante appelle le gouvernement indonésien à adopter de toute urgence plusieurs mesures, dont une loi pour garantir que ces tests de virginité seront définitivement abandonnés, à la fois dans l’armée et dans d’autres institutions. De plus, “le gouvernement doit rétablir la Commission vérité et réconciliation, qui vise spécifiquement à faire la lumière sur les violations des droits des femmes perpétrées depuis des années et à dédommager celles qui ont été victimes de cette politique. Enfin, et surtout, l’Indonésie doit se conformer à tous les traités internationaux qu’elle a ratifiés.”