Le Quad, une “Otan” en Asie-Pacifique ?
La perspective d’une intervention armée à Taïwan entraîne le resserrement des liens entre alliés des États-Unis, avec en tête le Japon, puissance régionale voisine. Le 16 avril, à l’issue d’une rencontre entre chefs d’État, Tokyo et Washington ont pour la première fois en soixante-douze ans abordé ouvertement la question de Taïwan, en déclarant leur attachement “à la paix et à la stabilité dans le détroit de Taïwan”.
Le 1er juin, Matt Pottinger, ancien conseiller à la Défense nationale de Donald Trump, en a conclu que “si la Chine usait de la force pour se réunifier avec Taïwan, le Japon ferait usage de moyens militaires pour défendre l’île”, lors d’un débat public dont fait état le South China Morning Post.
Le Japon – et son Premier ministre d’alors, Shinzo Abe, inquiet de la montée en puissance de la Chine dans la région – avait dès 2006 émis l’idée du Quad, un forum quadripartite comprenant, outre les États-Unis et le Japon, l’Australie et l’Inde. Mais son action a été faible depuis sa formation, en 2007.
Depuis, les initiatives pour le relancer se succèdent. En novembre 2020, puis en mars 2021, des manœuvres maritimes quadripartites ont eu lieu. Le 12 mars, une rencontre entre dirigeants a été “la première discussion multilatérale de sécurité pour le président Biden”, souligne l’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull, qui se félicite, dans le webzine Asia Nikkei, que son pays, en conflit ouvert avec la Chine sur nombre de sujets, évite ainsi l’isolement que Pékin lui souhaite.
L’Europe n’est pas absente. Le Quad a participé aux manœuvres françaises La Pérouse dans la baie du Bengale en avril. Le 1er juin, le navire britannique HMS Queen Elizabeth est parti pour l’Asie, avec à son bord des avions américains, accompagné d’un bateau néerlandais. Un navire allemand est annoncé dans l’année. Tout cela préjuge d’une réponse unifiée possible en cas d’attaque de Taïwan, mais rien n’est moins sûr, estime le Financial Times.
En attendant, l’intensification du déploiement naval américain et allié incite la Chine à déplorer que le Quad soit en train de devenir une “Otan du Pacifique”, souligne le South China Morning Post.