Le président du Turkménistan laisse la place à son fils, à la surprise générale



Le 11 février, Gourbangouly Berdymoukhammedov, le président du Turkménistan, a annoncé une présidentielle anticipée pour le 12 mars. Une nouvelle inattendue, le nombre de mandats présidentiels dans ce pays, l’un des plus fermés au monde, étant illimité. Et ce serait son fils unique, Serdar, qui lui succéderait, assure la presse russe et régionale.

“Le président du Turkménistan a fait une déclaration sensationnelle à laquelle personne ne s’attendait”, écrit le quotidien russe Kommersant. En effet, “une élection présidentielle anticipée aura lieu au Turkménistan le 12 mars 2022, selon la décision du président, Gourbangouly Berdymoukhammedov”, rapporte l’agence de presse du gouvernement turkmène, TDH. Berdymoukhammedov a annoncé cette “décision difficile” — et surprenante — le 11 février, à la session du Sénat turkmène.

“Je soutiens l’idée qu’à cette nouvelle étape du développement de notre pays, il faut confier la gestion de l’État aux jeunes dirigeants, élevés dans un environnement spirituel et en accord avec les exigences de la modernité”, a expliqué le président sortant. Aux manettes depuis 2007, réélu en 2012 et 2017, il aurait pu se représenter en 2024, mais voilà que, selon ses propres mots, en 2020, il a “atteint l’âge du Prophète” — décédé, selon le Coran, à 63 ans.

Selon le site Eurasia Daily, “le successeur le plus probable est le fils [unique] de Berdymoukhammedov, Serdar”. Vice-Premier ministre chargé de l’Économie, soit adjoint de son père qui dirige le gouvernement, à 40 ans, Serdar détient aussi “les leviers économiques” depuis qu’en novembre 2021 son père lui a confié la direction du secteur pétrogazier, principale source de revenus pour Achgabat. Serdar, docteur en sciences techniques, “a pu par ailleurs travailler comme diplomate, ministre et gouverneur d’une province”, précise le site russe sur l’Asie centrale Fergana Agency.

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“Une transition de pouvoir inattendue se dessine au Turkménistan”, constate le site kazakh 24.kz. Rien n’empêche Berdymoukhammedov de rester au pouvoir “jusqu’à un âge canonique”, car le nombre de mandats présidentiels est illimité au Turkménistan. Mais, interrogé par Kommersant, l’expert russe d’Asie centrale Arkadi Doubnov explique :

Le président turkmène a certainement souhaité opérer la passation de pouvoir tant qu’il est encore relativement jeune, afin de bien la contrôler à toutes les étapes et éviter des impondérables à son fils.”

L’expert kazakh Roustam Bournachev, cité par le journal de Moscou, estime que dans les régimes autoritaires “le modèle d’un leader à vie est peu sûr lorsqu’il s’agit de garantir la sécurité de la famille du leader”. Alors, il vaut mieux “désigner le successeur, issu lui-même de la famille, avant le départ du leader”. Un départ de pure forme pour Berdymoukhammedov, car il continuera de présider le Sénat et “conservera tous les leviers du pouvoir”, conclut Kommersant.

Alda Engoian





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