En Chine, les pêcheurs ont déserté le lac Dongting



Depuis l’interdiction de leur activité et la destruction de leurs bateaux, en 2019, les pêcheurs ont quitté les rives de l’immense lac Dongting. Pas sûr que dans dix ans, quand la pêche sera de nouveau autorisée, les jeunes reviennent.

Le Yangzi Jiang, troisième plus long cours d’eau du monde avec ses 6 300 kilomètres, aux innombrables affluents, est surnommé le “fleuve mère” par les Chinois. À la mi-septembre, nous nous sommes rendus au lac Dongting, deuxième étendue d’eau douce de Chine, plus de quatre fois plus grand que le lac Biwa [premier lac du Japon], sur le cours moyen du fleuve.

Depuis les hauteurs herbeuses du village de Lujiao (district de Yueyang, province du Hunan), sur la rive est, le lac s’étend jusqu’à l’horizon, sa surface calme uniquement troublée par quelques rides. C’est l’une des plus importantes zones de pêche du bassin, peuplée de poissons emblématiques de la table chinoise depuis la dynastie Tang [618-907], parmi lesquels la carpe noire, la carpe amour, la carpe argentée et la carpe à grosse tête.

Quelque 300 familles de pêcheurs se sont établies à Lujiao, dont l’atmosphère animée lui a valu le surnom de “petit Hong Kong”. Les petits bateaux de pêche remplis de poissons frétillants se succédant le long de la petite jetée et la foule des marchands jouant des coudes pour leur acheter leurs prises étaient des scènes quotidiennes. Un pêcheur, disait-on, pouvait ici gagner autant en un jour qu’un agriculteur en une année.

Pourtant, lorsque nous l’avons visité, le village était des plus calmes. Pas un seul bateau n’était en vue, ni sur l’eau, ni à quai, ni sur la rive.

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La pêche de poissons sauvages a été interdite cette année dans l’ensemble du bassin du fleuve, pour une période de dix ans. Selon les estimations du gouvernement chinois, l’interdiction, considérée comme la plus sévère de l’histoire, toucherait 110 000 bateaux et près de 280 000 personnes. Cette mesure sans précédent a été adoptée pour sauver l’écosystème, menacé par la surpêche.

Le lac Dongting a été fermé à la pêche à la fin de 2019, avant la généralisation de l’interdiction. Tous les bateaux de pêche du village ont été détruits par les autorités en échange d’une indemnisation.

Aucun remous ne vient déranger le silence qui régnait autour de la jetée, complètement déserte. Sur un immense panneau dépassant des herbes folles, on peut lire : “La pêche désormais interdite, profitons ensemble de notre beau lac.” Près de la jetée, nous avons arpenté une rue bordée de restaurants de poisson. La plupart étaient fermés, sans âme qui vive. Sur la devanture d’un des restaurants, les caractères “poissons vivants” étaient en partie effacés, et ses décorations du nouvel an, laissées en l’état, étaient en train de moisir.

Lorsque nous avons trouvé une échoppe ouverte, nous avons demandé à sa propriétaire, une quinquagénère, où étaient passés les pêcheurs.

Tous ceux encore assez jeunes pour travailler sont partis après l’interdiction. Seules sont restées les personnes âgées, qui vivent recluses chez elles.”

Nombre de pêcheurs ont quitté le village à la recherche d’un autre travail après avoir touché une aide de subsistance immédiate. À l’entrée d’un appartement en béton vétuste, en périphérie du village, loin de la rive, était assise une ancienne pêcheuse de 56 ans. Elle nous a raconté qu’elle passait ses journées à ne rien faire dans l’appartement de ses enfants depuis qu’elle avait perdu son gagne-pain. “Je ne comprends pas l’interdiction, s’est-elle lamentée. Des poissons, il y en a autant qu’on veut.”

Elle avait vécu comme nomade du fleuve depuis sa naissance. Le bateau

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Yoshikazu HIRAI

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