dilemmes familiaux sur le plateau tibétain



Dans Balloon, le réalisateur tibétain Pema Tseden ausculte les bouleversements introduits au Tibet par la politique de contrôle des naissances édictée par Pékin. Son film, délicat et parfois cocasse, sort en France ce 26 mai.

Tibet, années 1980. Des garçons gonflent des ballons de baudruche et s’amusent avec, à la grande honte de leurs parents : ce que les enfants ont pris pour des jouets sont des préservatifs distribués par le planning familial local. Les autorités chinoises viennent de lancer une politique de restriction des naissances. Certes, celle-ci est moins dure au Tibet (il n’est pas question d’enfant unique comme dans le reste du pays), mais la contraception reste un sujet tabou dans cette région où l’emprise accrue de Pékin malmène les traditions.

Ces “ballons” gonflables donnent son titre au nouveau film de Pema Tseden, 51 ans (balloon veut dire “ballon”, en anglais). Depuis le milieu des années 2000, cet écrivain et réalisateur, né dans une famille de nomades tibétains avant de partir se former à l’Académie du film de Pékin, défend la fragile naissance d’un cinéma tibétain en République populaire de Chine. “Il lutte pour porter à l’écran l’histoire de minorités”, relève le site chinois Sixth Tone.

De film en film (Tharlo, le berger tibétain ; Jinpa, un conte tibétain), Pema Tseden pose un regard tibétain sur sa région d’origine, le plus souvent représentée à l’écran par des cinéastes chinois ou européens. Il met un point d’honneur à tourner au Tibet, dans les dialectes tibétains, avec des équipes tibétaines. Dans Balloon, il raconte avec tendresse et humour l’histoire d’une famille d’éleveurs de brebis, prise en tenailles entre ses croyances en la réincarnation et la politique de contrôle des naissances.

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Disciple de l’Iranien Abbas Kiarostami (dont il reprend notamment les plans dans lesquels se découpent des ouvertures de portes et de fenêtres, multipliant ainsi les perspectives), il poursuit avec ce film le fil d’un travail quasi documentaire sur le Tibet. Il “mêle délicatement éléments ethnographiques et dilemmes éthiques et moraux” pour donner corps à ses personnages, à commencer par le couple formé par Drolkar (Sonam Wangmo) et Dargye (Jinpa), commente l’hebdomadaire américain The Hollywood Reporter.

En avril 2020, Pema Tseden avait répondu aux questions de Jintian, une revue culturelle chinoise. C’est cette interview que nous vous proposons de découvrir ci-dessous, alors que Balloon sort en salle le 26 mai en France.

PEMA TSEDEN : Selon moi, c’est surtout une manifestation des relations qui unissent le bouddhisme à la terre tibétaine et aux Tibétains. Un des dogmes du bouddhisme est le cycle des causes et des conséquences (le “karma”) qui implique la notion de réincarnation, et la croyance selon laquelle l’âme humaine ne meurt pas mais fait l’objet d’une transmigration. Lorsqu’on se met à raconter l’histoire d’un Tibétain, tout cela entre naturellement dans le récit.

Vos films mettent en scène le sentiment de “destruction de vieilles coutumes et de construction d’une nouvelle civilisation” qui est à l’œuvre au Tibet [pour reprendre la terminologie de la Révolution

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Lan Bo

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Jintian Wenxue était une revue littéraire fondée le 23 décembre 1978, à Pékin, par des écrivains et poètes chinois renommés, comme Bei Dao ou Mang Ke. En décembre 1980, la police de Pékin lui a ordonné de cesser toute activité. La rédaction

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