Pourquoi les cryptomonnaies ont conquis les pays en développement



Le Salvador est le premier pays à adopter le bitcoin comme monnaie officielle. À bas bruit, les actifs numériques prennent place au Nigeria, au Vietnam, au Brésil ou au Venezuela. Malgré les risques soulignés par les institutions financières, elles sont une alternative aux monnaies locales défaillantes, constate le Financial Times.

À Lagos, capitale économique du Nigeria, une développeuse facture ses clients londoniens et se fait payer en bitcoins, évitant ainsi des frais bancaires élevés et le misérable taux de change officiel du naïra, la monnaie du pays. À São Paulo, au Brésil, un dentiste dépose ses économies mensuelles sur un fonds négocié en Bourse investi dans un panier de cryptomonnaies. Au Vietnam, entreprises et particuliers effectuent tellement de placements, d’échanges et d’opérations en bitcoins et autres cryptomonnaies que ce pays affiche le taux d’adoption de cryptomonnaies le plus élevé du monde.

Dans les pays avancés, les cryptomonnaies sont souvent vues d’un œil soupçonneux par le monde de la finance – qui y voit une affaire de “cryptomaniaques” et une lubie spéculative caractérisée par une forte volatilité qui ne peut que mal se terminer. Les régulateurs européens comme américains ont d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme sur les risques liés aux échanges en cryptomonnaies.

Une place dans le quotidien

Dans le monde en développement, en revanche, il semblerait que les cryptomonnaies soient en train de prendre racine à bas bruit. Elles s’y sont vite fait une place dans le quotidien, notamment dans les pays abonnés à l’instabilité financière ou qui n’offrent qu’un accès très limité aux services financiers traditionnels tels que les comptes bancaires.

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“Pendant que tout le monde se focalisait sur les tweets [du PDG de Tesla] Elon Musk ou sur ce que disait tel ou tel investisseur institutionnel ou grand patron sur le bitcoin, il se passait beaucoup de choses sur les marchés émergents du monde entier”, confirme Kim Grauer, directrice de recherche à Chainalysis, une des principales sociétés d’analyse du secteur.

D’après Chainalysis, c’est le Vietnam qui affiche le plus fort taux d’adoption des cryptomonnaies dans le monde : c’est l’un des 19 marchés émergents et pré-émergents de son top 20, les États-Unis étant la seule économie développée à figurer dans le classement en 2021, à la huitième place. “C’est particulièrement frappant cette année : ce sont les marchés émergents et pré-émergents [qui les adoptent]”, ajoute Kim Grauer.

D’autres données recueillies par UsefulTulips.org, qui recense les transactions en bitcoins sur les deux principales plateformes mondiales d’échange de cryptos en pair à pair [P2P, des échanges directs qui ne passent pas par un serveur central], montrent que l’Afrique subsaharienne est passée devant l’Amérique du Nord depuis quelques semaines, faisant d’elle la région du globe qui enregistre le plus important volume d’échanges.

Le Salvador en laboratoire du bitcoin

Mardi [7 septembre], le Salvador, petit pays d’Amérique centrale de 6,4 millions d’âmes, [est devenu] le premier au monde à faire du bitcoin une monnaie officielle [à côté du dollar], ce qui signifie que tous les commerçants, des concessionnaires automobiles aux cafetiers, seront tenus de l’accepter. Si la décision est vue d’un mauvais œil par le Fonds monétaire international (FMI), notamment, certains y voient un tournant historique.

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“Ce n’est pas rien, observe Paul Domjan, coauteur en 2021 de Chain Reaction : How Blockchain Will Transform the Developing World [Réaction en chaîne : comment la blockchain va changer le monde en développement, non traduit en français]. Ça modifie la place du bitcoin dans le système financier mondial et ça relance tout le débat sur les monnaies numériques.”

Faiblesse monétaire des pays émergents

Les pays émergents constituent un terreau fertile pour les cryptomonnaies, souvent parce que leurs propres monnaies ne remplissent pas leur office. Que ce soit comme réserves de valeur, comme moyens d’échange et comme unités de compte, les monnaies nationales sont souvent loin de répondre aux attentes. Une inflation aléatoire et des taux de change fluctuants, des services bancaires onéreux et poussifs, des restrictions financières et un flou réglementaire, et, surtout, l’existence ou la menace de restrictions des mouvements de capitaux, sont autant de repoussoirs.

Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, est un cas d’école. Sa population jeune et bouillonnante est quotidiennement aux prises avec un chômage important, le yo-yo des taux de change sur le marché noir et le contrôle des capitaux. Le cours du pétrole, premier produit d’exportation du pays, ayant dévissé pendant la pandémie, amenuisant les réserves en dollars, nombre d’entreprises n’ont pas été en mesure de payer leurs fournisseurs et prêteurs étrangers, au point de mettre au bord du défaut de paiement une centrale électrique financée par la Banque mondiale, et qui fournit un dixième de l’électricité du Nigeria. Pour les particuliers effectuant ou recevant des transferts de fonds ou facturant des clients, la pénurie de dollars est un casse-tête permanent.

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“Quand vous allez sur le terrain en Afrique, particulièrement au Nigeria, et que vous parlez aux gens de leurs déboires quotidiens avec l’argent, ça dépasse l’entendement pour nous, en Occident”, dit Ray

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Fondé en 1888 sous le nom de London Financial Guide, un journal de quatre pages destiné “aux investisseurs honnêtes et aux courtiers respectables”, le Financial Times est aujourd’hui le quotidien financier et économique de

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