Yonaguni, une île sur le pied de guerre face à la Chine



L’installation d’une garnison des forces d’autodéfense transforme radicalement ce territoire le plus occidental de l’archipel nippon, situé en face de Taïwan. Visite avec un journaliste du grand quotidien japonais Asahi Shimbun.

Il y a cinq ans, les forces d’autodéfense se sont implantées à Yonaguni, l’île la plus occidentale du Japon. Initialement divisée sur la question, la population locale a choisi de vivre en symbiose avec les forces d’autodéfense, devenues indispensables aux activités de l’île et au développement de ses infrastructures. Dans ce climat, ceux qui s’opposent toujours à la présence militaire ou s’en inquiètent ont de plus en plus de mal à s’exprimer. À la mi-octobre, je suis allé visiter l’île, qui s’étend sur 11 kilomètres d’est en ouest.

Yonaguni se situe à 510 kilomètres au sud-ouest d’Okinawa [île principale de l’archipel des Ryukyu]. Un vol direct aller-retour relie quotidiennement les deux îles. À la descente de l’avion, l’humidité de l’air colle à la peau. Habitée par 1 700 personnes, l’île fait 27 kilomètres de circonférence. Sans tarder, j’ai pris la route au volant d’une voiture de location. Ici, les champs de canne à sucre et les pâturages contrastent avec la terre rouge. L’agriculture et la pêche sont les principales ressources économiques de la population.

Je suis allé vers Sonai, dans la partie orientale de l’île, où se situent la mairie et l’unique clinique des trois agglomérations. Shotaro Maja, 35 ans, y tient un magasin de plongée en bord de mer. Je lui ai demandé ce qu’il pensait de la présence des forces d’autodéfense. [En vertu de la Constitution adoptée en 1947, après la défaite du Japon durant la Seconde Guerre mondiale, le pays ne peut se doter d’une armée pour des opérations extérieures. Mais des forces d’autodéfense chargées de la sécurité intérieure ont vu le jour. Depuis 2007, un ministère de la Défense a été créé, et le statut des forces d’autodéfense renforcé.] “J’imaginais des véhicules au motif camouflage patrouillant à travers l’île, mais la réalité est totalement différente.” Il éprouve de la sympathie pour les soldats, en première ligne face aux typhons qui balaient fréquemment l’île. Avec eux, il participe aux opérations de nettoyage du rivage, une manière d’apprendre à les connaître.

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Des classes recréées dans les écoles

Accueillant quelque 200 militaires et leurs familles, la garnison nouvellement créée a eu un effet visible sur la démographie déclinante de l’île. En quittant Sonai, je me suis dirigé vers l’est pour visiter la plus grande des trois écoles primaires que compte Yonaguni. Sur les 69 élèves, 9 sont des enfants de militaires. À la pause de midi, les écoliers gambadaient dans la cour. Avant l’installation de la garnison, en mars 2016, le nombre d’élèves diminuait chaque année, une classe à niveaux multiples avait remplacé l’école primaire en 2014-2015, mais depuis mars 2016, et l’arrivée des familles de militaires, elle a pu être supprimée. “Les classes par niveau sont plus faciles à gérer et offrent aux élèves un environnement éducatif plus favorable”, se réjouit le directeur de l’école, Atsushi Shimabukuro, 54 ans.

Pour la population locale vieillissante, les militaires, qui participent aux activités de nettoyage et aux manifestations organisées dans les agglomérations, occupent une place toujours plus essentielle. Omniprésents il y a encore dix ans, les banderoles et panneaux contre l’implantation des forces d’autodéfense ont aujourd’hui pratiquement disparu. Le dernier panneau signe de cette opposition se trouve à mi-chemin entre l’école primaire et la mairie, dans un enchevêtrement de ruelles. Ses caractères, en partie effacés, proclament “Non à la base des forces d’autodéfense, revitalisons notre île tous ensemble”.

Pour en savoir plus sur les changements intervenus, j’ai rencontré Chiyoki Tasato, 64 ans, conseiller municipal habitant Sonai et opposant aux forces d’autodéfense. “Même ceux qui s’inquiètent de leur présence le gardent pour eux. L’île est devenue bien triste”,

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Shinichi Fujiwara

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Fondé en 1879, chantre du pacifisme nippon depuis la Seconde Guerre mondiale, le “Journal du Soleil-Levant” est une véritable institution. Trois mille journalistes, répartis dans 300 bureaux nationaux et 30 à l’étranger, veillent à la récolte

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