Parmi les substances radioactives émises lors de l’accident, le césium 137 suscite un intérêt particulier. En effet, il a une demi-vie (le temps nécessaire pour que la radioactivité diminue naturellement de moitié) longue, de trente ans environ, et il a été rejeté en quantités importantes. La partie orientale de la préfecture de Fukushima, où est située la centrale, abrite de nombreuses forêts sur lesquelles se sont déposées presque 70 % des retombées de ce césium.
À la fin d’août, sous la supervision de l’Agence japonaise de l’énergie atomique (JAEA) et de chercheurs de l’université de Tsukuba, nous nous sommes rendus dans la forêt de Namie, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de la centrale, dans la zone dite “de retour difficile” soumise à des restrictions d’accès. La radioactivité y est plus de cinquante fois supérieure aux niveaux relevés dernièrement dans le centre-ville de Fukushima.
Dans la forêt de cèdres du Japon située à flanc de colline, nous découvrons un filet carré d’un mètre de côté pareil à un hamac blanc et une cuve reliée à un tuyau attaché au tronc d’un arbre. Le filet sert à recueillir les feuilles et la cuve à collecter l’eau de pluie qui s’écoule le long du tronc ; on mesure ensuite la radioactivité des éléments récoltés.
98% du césium 137 se trouve dans l’humus et les feuilles mortes
Neuf ans et demi après l’accident, si la décontamination des terrains d’habitation et des champs a progressé, quasiment rien n’a été fait pour les forêts. Les substances radioactives qui s’y sont accumulées ne font-elles pas augmenter la radioactivité dans les zones habitées ? Ne contaminent-elles pas les cultures ? Pour répondre à ces inquiétudes, la JAEA mène depuis 2012 des recherches sur les
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Keitarô Fukuchi et Naoya Kon