Il y a peu de jeux de société dans lesquels la chance ne joue aucun rôle et dont le résultat final ne dépend que de l’intelligence des joueurs : les échecs et le go, ce jeu tactique et stratégique chinois vieux de plus de vingt-cinq siècles. En chinois, il s’appelle weiqi, ou wei-ch’i, littéralement “jeu de l’encerclement”. En effet, le principe du go implique l’encerclement stratégique à long terme de l’adversaire. C’est un jeu lent, pouvant durer plusieurs jours.
S’inspirant des principes de ce jeu antique, la république populaire de Chine a présenté en 2012 l’initiative “One Belt, One Road”, dit aussi “nouvelles routes de la soie”. Il s’agit d’un projet économique et social à visée globale susceptible de façonner un nouvel ordre mondial dans les prochaines décennies par le biais d’investissements dans des infrastructures : routes, chemin de fer, ponts, ports, etc.
Le Monténégro s’est retrouvé sur la route du positionnement stratégique de la Chine en Europe, dans le cadre du mécanisme de coopération “16 + 1”, rassemblant les États d’Europe centrale et d’Europe de l’Est. La Chine a en effet trouvé dans le Monténégro un partenaire idéal pour lancer ses premiers projets d’infrastructure en Europe du Sud-Est. Ce petit pays de 620 000 habitants pâtit d’une infrastructure routière peu développée, et son accès aux fonds structurels de l’UE lui est rendu difficile en raison de sa faible capacité économique à répondre aux exigences et aux règles des banques et des fonds de développement européens. Une économie sous-développée et peu diversifiée accentue les risques pour les investissements.
La souveraineté en péril
Fin février 2014, le gouvernement du Monténégro, dirigé
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Milos Vukovic