Avec environ sept ans et huit mois passés sans discontinuer au poste de Premier ministre du Japon, Shinzo Abe a dépassé le record de longévité jusque-là tenu par Eisaku Sato [Premier ministre de 1964 à 1972].
Mais la célébration de ce record, prévue le 27 août avec les cadres du Parti libéral-démocrate (PLD) a été repoussée. On peut se demander si ces décisions n’ont pas été prises par égard pour l’état de santé du Premier ministre [qui a finalement poussé Shinzo Abe à annoncer son départ le 28 août]. Un membre haut placé du gouvernement a d’ailleurs déclaré :
Pour M. Abe, ce [record de longévité] n’était qu’une simple formalité. Le temps n’est pas aux festivités.”
Si, en novembre 2019, il avait déjà dépassé le record de temps cumulé au poste de Premier ministre (établi il y a 106 ans par Taro Katsura), cette fois-ci, c’est le record de temps passé au pouvoir sans discontinuer qu’il a battu.
À l’origine de sa popularité, les “Abenomics”
La formation du second gouvernement Abe [en 2012, le premier n’ayant duré qu’un an de 2006 à 2007] a été marquée par le lancement de ses réformes économiques, les fameuses “Abenomics” [contraction de “Abe” et “economics”], et suivie par l’augmentation à deux reprises de la TVA, rendue possible par une popularité sans faille. Néanmoins, de nombreuses lois ont suscité une forte opposition de l’opinion publique, comme la loi sur la sécurité nationale, permettant au Japon d’avoir recours à l’autodéfense collective [votée en 2015, elle autorise le pays à intervenir hors de ses frontières, en rupture avec sa Constitution pacifique], la loi sur la protection des secrets d’État, ainsi que celle dite “anticonspiration”.
Du point de vue de la diplomatie, si Shinzo Abe est parvenu à tisser une relation intime avec le président américain Donald Trump, malgré sa volonté affichée de liquider les problèmes diplomatiques d’après-guerre, le contentieux [avec la Russie] au sujet des îles Kouriles n’a pas été résolu. Le dossier des enlèvements de Japonais par la Corée du Nord [dans les années 1970 et 1980], que le Premier ministre avait pourtant qualifié de priorité absolue du gouvernement, n’a pas fait plus de progrès.
Au plus bas dans les sondages du fait du coronavirus
Son mandat de président du PLD doit s’achever fin septembre 2021, or son vœu de réviser la Constitution ne semble pas encore près de se réaliser. À l’approche de la fin de son mandat, beaucoup lui [avaient] certes demandé ce qu’il resterait de ce long séjour au pouvoir, mais la gestion du coronavirus ne lui a laissé aucun répit. Alors que l’économie est en récession malgré les efforts entrepris dans le cadre des Abenomics, un sondage de l’
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