L’Afghanistan fait un bond en arrière de vingt-cinq ans



Après avoir conquis le pays à la vitesse de l’éclair, grâce à des centaines de millions de dollars accumulés ces dernières années, les insurgés sont entrés dans Kaboul dimanche 15 août. Le président Ashraf Ghani s’est enfui à l’étranger.

Il n’aura donc fallu qu’à peine plus de trois mois aux talibans pour reprendre les rênes de l’Afghanistan. Depuis le début du retrait des troupes américaines, début mai, les insurgés se sont emparés des campagnes. Puis, ces deux dernières semaines, de tous les chefs-lieux de province, jusqu’à leur entrée dans Kaboul, dimanche 15 août. “Les talibans ont effectivement scellé leur contrôle de l’Afghanistan dimanche, en entrant dans la capitale et en rencontrant peu de résistance, alors que le président Ashraf Ghani venait de fuir le pays et que le gouvernement s’effondrait”, raconte le New York Times.

“Le chaos et la peur” se sont emparés de la ville et “des dizaines de milliers de personnes” tentent désespérément de fuir. Les images choc du drapeau taliban flottant à Kaboul rappelle leur arrivée en 1996, qui ouvrit une période de cinq ans durant laquelle ils gouvernèrent l’Afghanistan, jusqu’à l’effondrement des tours jumelles de New York en septembre 2001, et la guerre que leurs déclarèrent alors les Etats-Unis.

“Leur retour, deux décennies après avoir été chassés du pouvoir, se produit malgré des années et des centaines de milliards de dollars dépensés pour renforcer le gouvernement afghan et ses forces de défense”, constate amèrement le journal américain. Pendant que les supputations allaient bon train sur la destination d’Ashraf Ghani (on a d’abord parlé du Tadjikistan, puis de l’Ouzbékistan), l’ancien président Hamid Karzai a annoncé dimanche soir sur Twitter qu’il formait “un conseil de coordination” avec Abdullah Abdullah, grand adversaire politique de M. Ghani et pilote de la délégation afghane aux pourparlers de paix qui se tenaient depuis septembre 2020 à Doha avec les talibans.

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Ce conseil compte en son sein l’ancien Premier ministre Gulbuddin Hekmatyar, chef du parti Hesb-i-Islami. Son objet ? “Gérer un transfert pacifique du pouvoir”. Selon M. Abdullah, “Dieu demandera des comptes” au président en fuite et le peuple afghan se chargera de “son jugement”. L’Afghanistan est un pays dont l’histoire remonte à environ 5 000 ans, avec de nombreux hauts et bas”, a souligné l’Afghanistan Times dans son édito du 15 août.

Victime des grandes puissances mondiales

Mais ce qui est en train de se produire, “alors que les États-Unis et leurs alliés occidentaux sont sur le point d’achever leur délai officiel de retrait des troupes, après vingt ans de présence infructueuse”, montre combien l’Afghanistan est une fois encore “victime de jeux des grandes puissances mondiales” qui le dépassent. “Des milliers de personnes ont fui leurs foyers (…) et n’ont pas accès aux services humanitaires, à la nourriture et aux produits médicaux”, note le journal, selon qui “la cause du chaos actuel est l’ignorance du monde à l’égard de la question afghane”.

Le retrait des soldats de l’OTAN aura été “irresponsable”, par le fait qu’il a été entériné par “un accord bilatéral” entre Washington et les talibans le 29 février 2020. En fin de compte, “le monde entier a tourné le dos à l’Afghanistan”, oubliant que sa déstabilisation ferait fuir les Occidentaux du pays. Il aurait fallu “attendre un peu plus longtemps et persuader les belligérants afghans de rechercher un règlement politique”, tout en exerçant une forte pression “sur le Pakistan, qui détient un pouvoir réel sur les groupes insurgés”.

Collecte de fonds

Le Kabul Times s’interroge quant à lui sur les moyens financiers dont ont disposé les talibans pour mener leur offensive éclair et reprendre ainsi le pouvoir. Leur conquête soudaine a peut-être “stupéfié certains responsables et observateurs étrangers”, mais elle s’explique en grande partie par “une importante collecte de fonds” ayant permis aux insurgés d’entrer en possession “de millions, voire de milliards, de dollars”, à raison de “300 millions à 1,6 milliard de dollars par an”.

Selon un rapport de l’ONU datant de juin 2021 basé sur les renseignements fournis par les États membres, “la majeure partie de cet argent provient d’activités criminelles telles que la production d’opium, l’extorsion et les enlèvements contre rançon”. À lui seul, le trafic de drogue pourrait avoir rapporté aux talibans “460 millions de dollars”.

Guillaume Delacroix

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