le mouvement indonésien inspiré de Black Lives Matter



#PapuanLivesMatter (“Les vies papoues comptent”) : tel est le hashtag lancé au début de juin par de jeunes militants indonésiens, en écho au mot d’ordre des manifestants américains #BlackLivesMatter.

“De nombreux Indonésiens sur les réseaux sociaux soutiennent le hashtag #JusticeForGeorgeFloyd pour dénoncer les actions de la police américaine contre les discriminations raciales à l’encontre des Noirs. Même les médias grand public indonésiens s’indignent. Ceci est inversement proportionnel à leur silence lorsque les Papous sont victimes de violences raciales”, s’insurge Rico Tude, un activiste papou, sur la plateforme Suara Papua. Les Papous sont la population autochtone de Papouasie-Nouvelle-Guinée, État indépendant, et de Nouvelle-Guinée occidentale, partie de l’île rattachée à l’Indonésie.

Au même moment, le Jakarta Post rapporte que de jeunes militants indonésiens se mobilisent pour faire entendre cette cause. Certains viennent de lancer le hashtag #PapuanLivesMatter. D’autres, comme ce groupe de lycéennes de Jakarta adeptes de slam et fondatrices en 2017 de la plateforme en ligne Kudeta Mag, ont compilé les liens et les informations concernant le racisme contre les Papous sur un site Internet.

“Il devrait être de notre responsabilité, en tant qu’Indonésiens, de nous sentir obligés de comprendre notre propre pays”, a déclaré au Jakarta Post la rédactrice en chef de Kudeta Mag, Jordinna Joaquin, 18 ans.

Insultes et caricatures racistes

“Depuis que les [territoires des] Papous de l’Ouest ont été annexés de force par l’Indonésie [en 1963, contrairement à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, indépendante depuis 1975], la discrimination raciale existe. Encore aujourd’hui, dans les écoles, sur les campus, dans les bureaux et dans la rue, les Papous qui vivent à Java [l’île la plus peuplée, le centre économique de l’archipel] sont souvent traités de singes ou caricaturés avec des bananes”, dénonce Soleman Itlay, citoyen papou de Jayapura, capitale de la province indonésienne de Papouasie occidentale, sur la plateforme Suara Papua.

Il cite un exemple récent, lorsque en août 2019, à la veille de la fête de l’Indépendance de l’Indonésie, un logement universitaire papou, à Surabaya, a été assiégé par la police qui accusait les étudiants d’avoir déchiré le drapeau indonésien. Des insultes racistes ont fusé et cet événement a provoqué une vague d’émeutes en Papouasie, qui a fait “au moins 33 morts et a déplacé plus de 8 000 Papous indigènes et autres Indonésiens”, selon l’ONG Human Rights Watch. Soleman conclut par ces mots ironiques et acerbes :

Il serait bon que les Papous de l’Ouest célèbrent chaque année une journée du racisme. Je propose donc que le 17 août [jour de la fête nationale indonésienne] soit désigné comme la Journée du racisme subi par les Papous de l’Ouest.”

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