Route End – tome 1 de Kaiji Nakagawa


Route End - tome 1

Le doux parfum de la mort

Informations générales sur Route End 1 :
Date de sortie : 07 juin 2018
Scénariste : Kaiji Nakagawa
Dessinateur : Kaiji Nakagawa
Type : Seinen
Éditeur : Ki-oon
Résumé de l’éditeur :

Taji travaille pour une entreprise de nettoyage spécialisée dans les cadavres en décomposition. Les macchabées découverts sur le tard laissent des traces insupportables pour le commun des mortels, mais lui a le cœur bien accroché. La mort, il la connaît depuis l’enfance. Il a vu le corps de sa mère se balancer au bout d’une corde. Le traumatisme lié à ce suicide est ancré en lui, et chaque nettoyage est une catharsis.
Son quotidien est bouleversé quand son quartier devient le théâtre de meurtres en série. Les victimes sont découpées en morceaux, puis alignées pour former un mot, le même à chaque fois : “END”. Taji est chargé du nettoyage de la dernière scène de crime en date. L’affaire prend une tournure personnelle pour lui lorsqu’il découvre que son patron, véritable figure paternelle, est peut-être impliqué dans ces morbides mises en scène…

Sur les traces d’un serial killer

Route End, bien qu’il soit prépublié dans le magasine numérique Shonen Jump +, donc considéré comme un shônen, Ki-oon l’a intégré dans sa collection seinen. Et très sincèrement, c’est très logique tant les thèmes sont matures comme cette fascination de la mort et ce serial killer qui rôde.

On suit les pas de Taji, un jeune homme qui pourrait presque se définir uniquement par le traumatisme qu’il a subi enfant. En effet, sa mère s’est suicidée le laissant seul. Outre sa mort et le vide laissé,il est resté marqué par cette question : pourquoi n’était-il pas une raison suffisante pour elle de rester en vie ? Et cette absence de réponse le hante et l’a, plus ou moins directement, poussé à avoir une fascination pour la mort.
Rien d’étonnant à ce qu’il soit maintenant devenu nettoyeur. Pas nettoyeur, façon, tueur à gage. Non, sa spécialité c’est de nettoyer, en enlevant toutes traces et odeurs les lieux où des personnes sont mortes. De causes naturelles, de suicides ou de meurtres.

Voir aussi  Galettes indiennes aux quinoa et patates douces

Un jour il va être confronté aux victimes d’un tueur en série, qui découpe ses victimes et agence les « morceaux » de tel façon à écrire le mot « End ». Qu’est-ce que ça signifie ? Qui est le coupable ?

Alors qu’il n’est censé ne s’occuper que de nettoyer les scènes de crime, Taiji va s’impliquer plus lorsque son patron, d’abord soupçonné d’être l’auteur, finira par être une des victimes. Il va donc plus ou moins mener l’enquête aux côtés de l’inspectrice Igarashi, qui elle aussi a connu un suicide traumatisant.

Dès les premières pages, avec le métier du héros, son traumatisme, on sent que l’on va être plongé dans un manga sombre, où le morbide et le macabre joueront une part importante. Pourtant, le mangaka entretien une relation étrange avec la mort. Alors que la thématique pourrait permettre de montrer nombre de scènes sanguinolentes, l’auteur joue la carte de quelque chose de plus froid, moins spectaculaire. Mais paradoxalement, cela renforce l’aspect morbide. On sent la fascination, et en même temps la crainte de la mort. Cela se retrouve notamment dans son héros, dans son approche de la mort et de son métier. Son caractère renforce cela car il fait froid, presque sans émotion, et toujours avec un regard très objectif et posé, qui ne se laisse pas dicter par une quelconque impulsivité.

L’intrigue met peut-être un peu de temps à se mettre en place, mais Nakagawa avance joliment ses pions, en plaçant beaucoup de mystères notamment sur le patron de Taiji. Nous n’en sommes qu’aux prémices et nombreuses sont les questions en suspens. Au fil de la lecture on se rend compte qu’on ne sera pas devant une simple enquête sur un tueur en série. Le tout est plus complexe et plus original que ça. Et en premier lieu, ça passe par le héros en priorité et les personnages secondaires gravitant autour de lui.
Tous sont bien travaillés, profonds, sortant un peu des chemins balisés. La plupart ont été confrontés à un événement marquant qui les tourmente encore aujourd’hui. Que ce soit Taiji, l’inspectrice ou les collègues du nettoyeur, tous ont un rapport à la mort singulier. Certains sont fascinés, d’autres attirés…
On se doute bien que Route End va tourner autour du duo TaijiIgarashi. Même si leur relation est encore floue, nul doute qu’elle sera centrale dans l’intrigue.

Voir aussi  Wok de boeuf à la façon asiatique

Les éléments mis en place pour l’intrigue autour du tueur, et de l’évolution des deux protagonistes a de quoi fasciner. Le mangaka maîtrise son sujet et arrive à créer une atmosphère qui lui est propre, mélange de glauque, de froideur et de morbide. J’ai hâte de découvrir la suite et voir ce qu’il nous réserve, et notamment voir comment la mort, thème central, va être encore utilisée, en espérant ne pas le voir tomber dans certains pièges.

Pour conclure, Route End – tome 1 de Kaiji Nakagawa est une belle surprise. Une oeuvre qui a toute sa place dans le catalogue de Ki-oon, notamment aux côtés d’un Tetsuya Tsutsui, avec qui il partage certains points communs de son oeuvre.
Route End se démarque par une ambiance pesante, prenante et marquée par le sceau de la mort. Tout le potentiel d’une série palpitante est là. Même s’il faut reconnaître que graphiquement le trait du mangaka est encore perfectible. Son charadesign manque de finesse et de précision, et il peut s’avérer parfois un peu avare en détail, donnant des cases quelques fois un peu épurées. Mais cela contribue à cette atmosphère froide.

Encore un trouvaille intéressante et singulière de Ki-oon !



Source link

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *