Le retrait américain d’Afghanistan [qui devrait être accompli au début de juillet] est évidemment une bonne nouvelle pour la Chine, mais celle-ci est néanmoins embarrassée.
La Chine est l’un des rares pays de la région qui soit à même de développer des relations étroites tant avec le gouvernement de Kaboul qu’avec les talibans. Sa priorité est de tout faire pour que l’Afghanistan ne se transforme pas dans l’après-guerre en un bouillon de culture pour les réseaux djihadistes régionaux et internationaux. En effet, ceux-ci pourraient s’étendre vers la région du Xinjiang, à majorité musulmane, dans l’ouest de la Chine, et ainsi compromettre le programme des nouvelles routes de la soie [de grands projets d’infrastructure reliant la Chine au reste du monde].
Depuis la décision de l’administration Trump [le 6 novembre 2020] de retirer l’ETIM, Mouvement islamique du Turkestan oriental, de la liste des organisations terroristes internationales, Pékin redoute que ce groupe se développe en Afghanistan. Récemment, le Global Times, l’un des porte-voix du Parti communiste chinois, affirmait que le mouvement continue à agir contre la Chine depuis le territoire afghan et que l’instabilité en Afghanistan pourrait avoir un impact profond sur la Chine.
En l’occurrence, les États-Unis étant déterminés à mener à bien ce que la Chine dépeint comme un retrait “irresponsable” d’Afghanistan, Pékin craint que les affrontements qui pourraient suivre entre les talibans et Kaboul ne débordent sur la Chine elle-même. Quand il a pris la parole lors de la conférence virtuelle “Heart of Asia” [“Processus d’Istanbul”, consacrée à l’Afghanistan] le mois dernier, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a rappelé que “les forces militaires étrangères en Afghanistan doivent se retirer d’Afghanistan en bon ordre et empêcher résolument diverses forces terroristes de semer le chaos”.
Pékin a peur des contacts entre talibans et
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Salman Rafi Sheikh