Divisé, affaibli par la mort de plusieurs de ses chefs, chassé de ses fiefs, le groupe armé Tehrik-e Taliban Pakistan (TTP) était considéré comme une entité pour ainsi dire au bout du rouleau. Et pourtant, le TTP, également connu sous l’appellation de “talibans pakistanais”, a refait surface au cours de l’année écoulée. Il a fédéré ses factions en conflit et lancé une série d’attaques meurtrières dans toute la zone tribale du pays [frontalière avec l’Afghanistan à l’ouest].
Preuve de son retour sur la scène, en avril, le TPP a commis un terrible attentat à la voiture piégée à l’extérieur d’un hôtel de luxe sous haute protection à Quetta, une ville du sud-ouest du Pakistan, loin de son bastion du Nord-Ouest. Toutefois, le TTP n’a plus rien à voir avec le groupe armé qui avait semé le chaos au Pakistan de 2007 à 2014, jusqu’à ce qu’une grande offensive de l’armée le repousse de l’autre côté de la frontière poreuse avec l’Afghanistan.
Sous la férule de Noor Wali Mehsud, davantage une personnalité religieuse qu’un combattant, aux commandes depuis 2018, le TTP a préservé les liens étroits qui l’unissent à Al-Qaida, réseau inscrit par Washington sur sa liste des organisations terroristes. Mais il est devenu structurellement de plus en plus décentralisé et a réduit le nombre de ses attaques aveugles contre les civils, soulignent les observateurs.
Moins d’attaques aveugles contre les civils
“Le TTP vise principalement les organes de sécurité et leurs représentants, et s’en prend rarement à des cibles faciles”, explique Abdul Basit, spécialiste pakistanais de la sécurité et de la lutte antiterroriste en évoquant les attentats contre les civils. “Sur le plan rhétorique, le TTP est passé d’un discours djihadiste mondial à un discours local.”
Certains indices portent à croire que le TTP aurait ouvert un nouveau front contre les intérêts chinois au Pakistan, où Pékin exerce une influence politique considérable et consacre des milliards à des projets d’infrastructures. L’attentat contre le Serena Hotel de Quetta, capitale de la province rétive du Baloutchistan, a fait la démonstration des capacités opérationnelles croissantes du groupe, estiment les analystes. C’est le premier attentat à la voiture piégée au Pakistan depuis des années. Un acte qui a causé la mort de cinq personnes et a fait des dizaines de blessés, et qui est d’autant plus significatif qu’il a eu lieu au Baloutchistan.
Talibans pakistanais et séparatistes baloutches contre la Chine
Non seulement cette province est éloignée du fief traditionnel du TTP, mais il s’
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Frud BezhanDaud Khattak