Pour l’écrivaine Fang Fang, le traumatisme sera durable à Wuhan



L’écrivaine a tenu pendant soixante jours son journal de confinement dans la ville qui était l’épicentre de l’épidémie de Covid-19 en Chine. Alors que la vie y reprend peu à peu son cours, l’hebdomadaire économique Caixin l’a interviewée. Entre tristesse et révolte, Fang Fang décrit le traumatisme subi par les 9 millions d’habitants de Wuhan et s’inquiète de la vie après la catastrophe.

Caixin : Quand avez-vous entendu parler pour la première fois de l’épidémie de nouveau coronavirus à Wuhan ?

Fang Fang : Le 31 décembre, par mon frère aîné. Nous avons un petit groupe [sur les réseaux sociaux], moi et mes trois frères. Mais le 31 décembre à 10 heures, mon frère nous a transféré un article où il était question de “l’apparition à Wuhan d’une forme inconnue de pneumonie”, avec indiqué, entre parenthèses : “Sras” [syndrome respiratoire aigu sévère, nom d’une épidémie en 2003]. Mon deuxième frère nous a tout de suite recommandé de ne plus sortir.

Le matin du jour de l’an, il nous a à nouveau transmis un article, du quotidien du soir Wuhan Wanbao, à propos de la fermeture du marché de produits de la mer de Huanan. On y préconisait des mesures semblables à celles d’aujourd’hui : porter un masque, rester chez soi sans sortir. Je pense que tous les habitants de Wuhan savaient très bien comme moi – pour avoir connu la période angoissante de l’épidémie de Sras – que la nouvelle ne devait pas être prise à la légère.

Quand avez-vous compris que la situation devenait vraiment grave ?

Je dirais vers la mi-janvier, quand la rumeur de la propagation du virus s’est mise à enfler. J’ai commencé à porter un masque le 18 janvier.

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Comment aviez-vous prévu de passer le nouvel an chinois [le 25 janvier] ? En quoi le confinement a-t-il bouleversé votre vie ?

Cela n’a pas changé grand-chose. Cette année, j’avais juste prévu de finir le petit roman que j’ai en cours. En revanche, le confinement a changé mon état d’esprit : le drame vécu par les Wuhanais m’a indignée et attristée au plus haut point. Je ne sais pas si une fois l’épidémie passée, ils seront morts pour rien, mais je crains que les survivants, accaparés par leurs propres intérêts, n’oublient pourquoi leurs défunts sont morts.

Avez-vous eu peur d’être vous-même contaminée ?

Non, pas trop. J’ai coché les jours un à un, jusqu’à la Fête du printemps ; à ce moment-là, j’ai pu exclure quasiment tout risque d’avoir été contaminée. Mais si l’on y réfléchit bien, cette manière de faire avait quelque chose d’infiniment triste.

Au cours de cette épidémie, qu’est-ce qui vous a le plus affligée, le plus indignée, le plus émue ?

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Propos recueillis par Xiao Hui

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Source

Caixin Wang, site de l’hebdomadaire économique Caixin, fondé en décembre 2009 à Pékin par la célèbre journaliste chinoise Hu Shuli. Le site Caixin Wang a été mis en fonction dès le premier janvier 2010.
Le magazine Caixin est considéré comme l’

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